Faire une prédiction, c'est nécessairement risquer de se tromper. Il faut, parfois, risquer. La quatrième résolution adoptée mercredi par un Conseil de sécurité divisé et renforçant le régime des sanctions contre l'Iran sera la dernière. Il n'y en aura pas une cinquième. Le consensus international est rompu. Le monde est maintenant face à une alternative: l'Iran aura, un jour, sa bombe ou c'est l'option militaire qui l'en empêchera.

Faire une prédiction, c'est nécessairement risquer de se tromper. Il faut, parfois, risquer. La quatrième résolution adoptée mercredi par un Conseil de sécurité divisé et renforçant le régime des sanctions contre l'Iran sera la dernière. Il n'y en aura pas une cinquième. Le consensus international est rompu. Le monde est maintenant face à une alternative: l'Iran aura, un jour, sa bombe ou c'est l'option militaire qui l'en empêchera.

Jusqu'à maintenant, le Conseil de sécurité avait adopté à l'unanimité trois résolutions imposant diverses sanctions économiques et politiques afin de punir l'obstination de l'Iran à poursuivre le développement de son programme nucléaire militaire et ainsi à violer ses obligations internationales.

De peine et de misère, les pays occidentaux avaient convaincu la Russie et la Chine, les deux plus importants partenaires de l'Iran, à voter les sanctions. Elles n'ont jamais sérieusement affecté le pays puisque Moscou et Pékin, ainsi que de nombreuses capitales européennes, ont pris un soin particulier à exclure toutes mesures pouvant affecter leurs intérêts économiques avec le régime de Téhéran.

En forçant l'adoption d'une nouvelle résolution, ses promoteurs occidentaux n'ont rien obtenu de plus et ils ont fait voler en éclats l'unanimité du Conseil, bien fragile il est vrai, jusqu'ici maintenue.

Les capitales occidentales ont beau insister sur le caractère robuste et fort de la nouvelle résolution, la réalité est moins glorieuse. Il faut lire avec attention les déclarations émises par les diplomates russes et chinois, qui ont voté pour, et celles des Brésiliens et des Turcs, qui ont voté contre, pour comprendre l'impasse à laquelle le monde fait maintenant face.

Sur le plan économique, les sanctions adoptées mercredi feront un peu plus mal, mais pas suffisamment pour obliger l'Iran à reculer sur son programme nucléaire. Encore une fois, la Russie et la Chine se sont entendues pour édulcorer le texte initial afin de protéger leurs marchés.

La résolution ne touche pas le coeur du système économique iranien, ses exportations de pétrole qui rapportent quelque 100 milliards de dollars par an et qui permettent à la dictature des mollahs de se maintenir au pouvoir. De plus, la Russie a réaffirmé son intention de vendre des armes «défensives» et de nouveaux réacteurs nucléaires à l'Iran.

Sur le plan politique, deux puissances en pleine émergence, le Brésil et la Turquie, ont rompu avec leurs alliés occidentaux et voté contre la résolution. Leurs dirigeants ne se sont pas excusés de leurs choix et ont durement critiqué les sanctions. Pour le président brésilien, le Conseil a imposé des mesures envers un pays «qui ne le mérite pas». Le premier ministre turc a invité ceux qui sont concernés par le programme nucléaire iranien à s'occuper aussi de la bombe atomique israélienne.

Avec cette résolution, on peut se demander pourquoi les Occidentaux ont pris le risque d'humilier de nouveau deux de leurs plus importants alliés. En mai, déjà, ils avaient ridiculisé la négociation que le Brésil et la Turquie avaient relancée avec l'Iran en concluant un accord sur un transfert d'uranium, négociation pourtant encouragée par M. Obama dans une lettre au président Lula un mois plus tôt. On attend toujours des explications crédibles à de tels camouflets.

Avec ce qui vient de se passer à l'ONU, la prochaine étape va se dérouler en dehors du Conseil. Les Occidentaux devront bientôt faire des choix, car, il y a une certitude, l'Iran veut la bombe comme, jadis, le Pakistan la voulait - et l'a obtenue - même si les Iraniens devront manger de l'herbe, pour paraphraser l'ancien premier ministre pakistanais Ali Bhutto. Ils peuvent adopter des sanctions individuelles, plus dures, mais dont l'efficacité risque d'être négligeable.

La Chine, premier partenaire de l'Iran, ne les suivra pas, car «les sanctions ne pourront jamais résoudre le problème nucléaire iranien», a souligné Pékin après l'adoption de la résolution. Ils peuvent imposer un blocus, mais cela signifie la guerre.

Il reste l'option d'une frappe militaire sur les installations du programme nucléaire. On dit Israël prêt à l'effectuer. On verra. Ils sont nombreux, tant chez les spécialistes que chez les politiques, à estimer ce scénario catastrophique.