C'est avec consternation que j'ai pris connaissance des odieux propos du réalisateur québécois Jacob Tierney à l'encontre du Québec en général et de notre vigoureuse industrie du cinéma en particulier, tels que rapportés dans La Presse du 6 juillet dernier. À ce sujet, M. Tierney, dont le film Le Trotski a été accueilli ici par une critique mitigée, déplorait alors en ces pages l'absence alléguée des réalités anglophone et immigrante dans la culture et dans le cinéma québécois.

C'est avec consternation que j'ai pris connaissance des odieux propos du réalisateur québécois Jacob Tierney à l'encontre du Québec en général et de notre vigoureuse industrie du cinéma en particulier, tels que rapportés dans La Presse du 6 juillet dernier. À ce sujet, M. Tierney, dont le film Le Trotski a été accueilli ici par une critique mitigée, déplorait alors en ces pages l'absence alléguée des réalités anglophone et immigrante dans la culture et dans le cinéma québécois.

Ce faisant, M. Tierney semblait décrire la société québécoise comme une société passéiste et intolérante, ouvrant ainsi un nouveau chapitre dans le grand livre du «Québec bashing», comme l'ont souligné des internautes de cyberpresse.ca, en réaction à cet article.

Bien que je sois un Latino-Américain, issu des «minorités visibles», je me considère néanmoins comme un Québécois à part entière. En tant que juriste en droit de l'immigration de surcroît, je suis estomaqué par de telles affirmations. De ce fait, je dénonce avec véhémence les récents propos tenus par Jacob Tierney, dont j'admire pourtant l'oeuvre cinématographique. D'ailleurs, j'ai vu Le Trotski au cinéma. Même si j'ai personnellement adoré ce film, je me dissocie des déclarations choquantes d'un réalisateur, qui de toute évidence est demeuré insensible à l'ouverture de la société québécoise, en dépit de tout le succès qu'il y connaît.

Une double minorité

Pour un jeune anglophone de tradition juive, force est de constater que Jacob Tierney est doublement minoritaire dans la société québécoise. Et pourtant, il s'en tire plutôt bien côté cinéma. Cela ne l'a pas empêché de réaliser son dernier long métrage au Québec. Sa différence l'a plutôt bien servi. D'ailleurs, il est de notoriété publique que Le Trotski a été financé par des fonds québécois de la Société de développement des entreprises culturelles, la fameuse SODEC.

Néanmoins, dans l'article du 6 juillet dernier, Jacob Tierney décrit le cinéma québécois comme étant «blanc, blanc, blanc. C'est homogène! C'est gênant». M. Tierney y dénonce des films tels que 1981 de Ricardo Trogi, C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée, ainsi que Polytechnique de Denis Villeneuve. Certes Jacob Tierney les décrivait de «bons films», mais c'était avant d'ajouter que «ce sont des films tournés vers le passé. C'est la glorification de la nostalgie. Tout était donc plus intéressant avant. Il y a quelque chose de malsain là-dedans».

Or, la réalité est toute autre. Ses affirmations ne résistent pas à une simple analyse des faits. Dès lors, les déclarations de M. Tierney apparaissent sans fondement. Surtout lorsqu'on sait que le film 1981 de Ricardo Trogi raconte l'histoire d'une famille italienne qui s'intègre à la société québécoise, et dont il faut prononcer le nom de famille «Trod-Gi» et non pas «Trop-Guy»! Les déclarations de M. Tierney semblent bien spécieuses, surtout quand on sait que le film C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée aborde de front la problématique d'un autre groupe minoritaire, celui des homosexuels. Les propos de M. Tierney semblent aussi bien superficiels lorsqu'on sait que le thème du film Polytechnique de Denis Villeneuve traite d'un sujet universel, celui du respect de la vie humaine. Et que dire de son film Le Trotski? Ne se base-t-il pas sur la vie du révolutionnaire Léon Trotski, mort en 1940. Plus passéiste que ça, tu meurs!

Toutefois, les propos de Jacob Tierney choquent d'autant plus lorsqu'on sait que son propre père Kevin Tierney est le producteur du film Bon Cop, Bad Cop. Il s'agit de ce film qui tente de «rapailler» nos deux solitudes et mettant en vedette l'anglophone Colm Feore aux côtés du Québécois Patrick Huard. Papa, qu'attendez-vous pour tirer les oreilles de fiston? Il faut réveiller notre Trotski national à la réalité québécoise.