S'il y a un sujet qui devrait faire les manchettes, c'est bien celui des enfants. Parce qu'ils sont le présent et l'avenir, et parce qu'on les aime tellement... Malheureusement, en 2010, qui dit enfant dit obligatoirement garderie. Garderie parce qu'on travaille; garderie parce qu'on est fatigués; garderie pour magasiner, faire le ménage ou... siester! Garderie pour tout et pour rien. Parce qu'à 7$ par jour... on serait fous de s'en passer!

S'il y a un sujet qui devrait faire les manchettes, c'est bien celui des enfants. Parce qu'ils sont le présent et l'avenir, et parce qu'on les aime tellement... Malheureusement, en 2010, qui dit enfant dit obligatoirement garderie. Garderie parce qu'on travaille; garderie parce qu'on est fatigués; garderie pour magasiner, faire le ménage ou... siester! Garderie pour tout et pour rien. Parce qu'à 7$ par jour... on serait fous de s'en passer!

Les jeunes parents de ma génération ont en moyenne vécu 30 ans avant d'avoir leur premier rejeton. Trente ans à se regarder le nombril et à penser à son petit bonheur. Pas surprenant que nous trouvions souvent ardu de nous «sacrifier» pour nous occuper de nos enfants. Mais encore une fois, pas de problèmes, les garderies sont là! Pour le reste, l'important, c'est le temps de qualité...

Je suis maman de deux jeunes enfants et depuis trois ans, j'écoute, je lis et j'observe attentivement tout ce qui a trait aux services de garde. Et, chaque fois, même constante: je suis interloquée par l'iniquité et l'absurdité de ce système qui, de loin, peut sembler extraordinaire mais qui, de près, désespère.

Ce système coûte plusieurs centaines de millions par année aux contribuables et ne satisfait qu'une minorité de parents, c'est-à-dire les plus chanceux qui, par miracle ou par contacts, ont déniché une place dans un CPE ou une maman dévouée qui s'occupe de leurs bambins comme si c'étaient les siens.

Pour les autres, et en leur nom, madame la ministre, je me questionne.

• Pourquoi acceptez-vous que, pour le même prix, certains enfants aient accès à des CPE ultramodernes et bien équipés alors que d'autres s'entassent dans des 5½? N'est-ce pas là une preuve d'iniquité?

• Pourquoi est-ce si difficile d'obtenir des places à temps partiel alors qu'une telle réorganisation libérerait à elle seule des centaines, sinon des milliers de places?

• Pourquoi acceptez-vous de subventionner des semaines complètes de garde alors que plusieurs enfants sont à la maison plusieurs jours par semaine?

• Pourquoi acceptez-vous que les parents en vacances ou en congé prolongé continuent d'envoyer leurs enfants à la garderie à temps plein alors qu'il manque si cruellement de places pour ceux qui doivent obligatoirement se rendre au travail?

• Pourquoi acceptez-vous que certaines garderies en milieu familial soient vides tout l'été (et quand même subventionnées!) parce que les propriétaires ne sélectionnent que les parents-enseignants qui sont en vacances durant la saison estivale?

• Pourquoi tolérez-vous un si grand manque de transparence concernant l'octroi des places en CPE?

• Pourquoi n'ajustez-vous pas le tarif journalier selon la capacité de payer des parents? Comment peut-on accepter, comme société, que des gens puissent vivre très richement sans avoir à débourser plus de 7$ par jour pour la garde quotidienne de leur trésor? Quel excellent moyen de déresponsabiliser les parents et de jeter le bébé avec l'eau du bain!

• Pourquoi n'assurez-vous pas un suivi plus attentif sur la qualité des services de garde?

Oui, nos congés parentaux sont extraordinaires et je n'en reviens toujours pas de la chance qu'on a de pouvoir s'en prévaloir. Oui, comme professionnelle, j'aurai la chance de me réaliser comme enseignante parce que mes enfants auront un jour accès à une garderie. Il s'agit d'une avancée extraordinaire et nul ne voudrait reculer. Mais je refuserai toujours l'idée qu'après cette année de grâce que représente le congé parental, presque tous les parents désertent les parcs d'enfants le jour... pour laisser leurs amours se pavaner avec un dossard coloré. Et ce, même s'ils arrivent à peine à marcher.

Je ne vous demande pas une commission d'enquête. Je vous demande simplement de cesser de gérer le système de garde québécois de façon irresponsable et de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour améliorer l'équité de ce système et encourager les parents à se responsabiliser et à s'occuper de leurs enfants. Et ce, même s'il ne s'agit pas toujours de temps de qualité.

* L'auteure est enseignante et mère de deux enfants. Sa lettre est adressée à la ministre de la Famille, Yolande James.