Quand je suis déménagée de Montréal à Toronto il y a deux ans, j'ai été surprise que tout le monde y soit si accueillant. Quand je me promenais avec mon chien, les passants me saluaient comme on le fait dans les villages.

Quand je suis déménagée de Montréal à Toronto il y a deux ans, j'ai été surprise que tout le monde y soit si accueillant. Quand je me promenais avec mon chien, les passants me saluaient comme on le fait dans les villages.

Au centre-ville, dans le quartier des finances, les femmes m'arrêtaient en pleine marche pour faire l'éloge de mes chaussures ou pour m'interroger sur mon manteau d'hiver. Quand je flânais avec mon lecteur de livres électronique sur la terrasse d'un café, les serveurs et les autres clients me demandaient s'ils devraient acheter un de ces lecteurs.

Bien que Montréal se targue d'être une ville chaleureuse, pleine de joie de vivre, ce sont les Montréalais qui ont l'air décidément plus hostiles que les Torontois qui, selon les stéréotypes, sont censés êtres des bourreaux de travail froids, efficaces et coincés, qui profitent de chaque instant libre pour discuter d'immobilier.

D'accord, le dernier point est vrai. Les Torontois parlent sans cesse des prix démesurés des maisons et du manque d'entrepreneurs fiables. Mais à part ça, les Montréalais ont tort. Tout ce qu'ils croient savoir des Torontois est bien faux.

Premièrement, «Toronto the good», le surnom par lequel la ville était connue auparavant est actuellement en désordre, bourrée de déchets éparpillés partout dans la ville. Des tasses de café usées ornent les abribus du centre-ville, les poubelles sont si remplies qu'aucune autre ordure ne peut y être déposée.

Autrefois efficace, les transports en commun de Toronto sont aujourd'hui épaves. Il y a des retards dans le métro presque chaque matin et des fuites d'eau dans la plupart des stations. Après une forte pluie pendant la nuit, il n'y a rien d'extraordinaire à retrouver la station Union inondée, ce qui amène des travailleurs à balayer en vain des flaques d'eau de 10 cm de profondeur pendant l'heure de pointe du matin.

Des routes de tramway cruciales fonctionnent selon des horaires réduits et doivent emprunter de nombreux détours. Des artères principales sont fermées pendant des mois - parfois des années - pour la construction, tandis que les tramways qui restent en service sont complètement entassés ou bloqués par le trafic.

Pendant ce temps, presque chaque jour apporte un nouveau crime spectaculaire. Cet été, un adolescent de 17 ans a été tué d'une balle à l'arrière de la tête tout en mangeant dans un restaurant chinois. Un jeune homme a été blessé par des tirs de fusil errants alors qu'il assistait simplement à un barbecue pour la prévention contre la violence.

La situation a radicalement changé depuis que j'habitais à Toronto au début des années 90, lorsque la ville fonctionnait encore bien. Je suis retournée y résider parce que j'aime vraiment Toronto et je n'ai jamais été une de ces Montréalaises qui se moquent prétentieusement de la ville. Mais j'ai de plus en plus de mal à défendre la Ville-Reine.

Cette criminalité et saleté me rappelle le New York pré-Giuliani. Les puissants syndicats me rappellent le Québec avant qu'on y adopte la loi des services essentiels. Eh oui, une autre illusion : le Québec, prétendument de gauche, a des lois antigrèves plus strictes.

Dieu merci, Toronto a dépassé Montréal dans le domaine de la gastronomie, avec sa multitude de restaurants qui offrent de véritables dégustations. On a besoin de ces restaurants uniques et de leurs vins savoureux du Niagara pour noyer nos chagrins pendant que nous discutons de la nouvelle taxe harmonisée et que nous nous demandons pourquoi les prix et les taxes ne cessent d'augmenter alors que la ville est en déclin rapide. Dommage que nous n'aurons bientôt plus les moyens de manger au restaurant.

En dévorant vos steaks-frites dépassés et vos vins français ennuyeux, vous, Montréalais, devez prendre garde aux morceaux de béton qui se détachent des immeubles. Au moins, nous n'avons pas ça à Toronto - pour le moment.