La récente expulsion des Roms en France a suscité de nombreuses critiques envers le gouvernement français. Racisme, xénophobie, violation du droit de libre circulation des membres de l'UE... On a tout entendu.

La récente expulsion des Roms en France a suscité de nombreuses critiques envers le gouvernement français. Racisme, xénophobie, violation du droit de libre circulation des membres de l'UE... On a tout entendu.

Mariana Erban, une Rom qui vient d'arriver à l'aéroport Baneasa à Bucarest, déclare qu'elle recevait une pension de 2000 euros par mois pour elle et ses quatre enfants de la part du Conseil général de Grenoble. De plus, elle était logée et nourrie gratuitement dans un hôtel. «Avec l'argent que je recevais, j'allais m'acheter des bijoux en or, affirme-t-elle. J'ai 50 000 euros dans ma valise, et je compte retourner en France dans deux jours», rapporte le site roumain d'informations adevarul.ro.

Donc, pour résumer la situation, des Roms vont s'installer en France illégalement, ils ne travaillent pas et vivent des allocations qui leur sont attribués. Est-ce normal? Ils sont renvoyés chez eux, mais peuvent retourner aussitôt en France en raison du droit de libre circulation de l'UE. Est-ce normal? De plus, le gouvernement français paye une prime de 300 euros par famille avant de les expulser du territoire français. Est-ce normal?

Faisons un parallèle avec le bateau des réfugiés tamouls qui est arrivé en Colombie-Britannique. Est-ce que ça serait normal que le gouvernement canadien loge les réfugiés dans des hôtels en plus de les nourrir et leur verser une allocation de 666$ par mois pour chaque enfant? Et les retourner au Sri Lanka, sachant très bien qu'ils peuvent revenir? Trouvez l'erreur...

Qui est le coupable?

Le ministre des Affaires étrangères roumain, Teodor Baconschi, critique les actions de la France, craignant que l'expulsion constitue «un risque de dérapage populiste et de réactions xénophobes sur fond de crise économique». Cette réaction illustre parfaitement l'hypocrisie du gouvernement roumain, qui préfère extérioriser les critiques sans faire face à la réalité: les Roms quittent la Roumanie, car ils sont marginalisés et leur intégration dans la société est, encore en 2010, un rêve utopique. Le racisme et la xénophobie envers les Roms sont imprégnés dans la société roumaine depuis des générations.

Ayant grandi en Roumanie, dans un quartier où les Roms étaient très présents, je me rappelle les avertissements de mes grands-parents qui voulaient que je me méfie des Tziganes. Après tout, ce ne sont que des voleurs, des alcooliques et des criminels. Tous... sans exception.

C'est ce racisme, qui persiste depuis toujours, qui constitue un frein à l'intégration des minorités ethniques dans la société roumaine et qui contribue à leur marginalisation. C'est la source même du problème. C'est pour cette raison que les Roms ne peuvent se trouver un emploi et sont quotidiennement victimes de discrimination raciale.

Suis-je le seul qui considère que les accusations de racisme et xénophobie faites à la France par le ministre roumain sont d'une grossière hypocrisie?

En effet, le racisme et la xénophobie font partie de l'équation, mais certainement pas en tant que résultat, comme l'affirme l'officiel roumain. Ces variables sont présentes à la source même du problème et constituent la raison principale qui a poussé les Roms à quitter leur pays d'origine.

Quoique l'expulsion faite par la France soit totalement justifiable, la solution au problème doit venir de la part de la Roumanie, et doit se mettre en application là-bas. Tout cela en commençant avec le cours «d'intégration des minorités 101».

* L'auteur est un Roumain d'origine qui a immigré au Québec.