Je tiens à dénoncer le zèle avec lequel certains policiers du SPVM s'amusent à donner des contraventions dans le parc Lafontaine, notamment cet été. Afin de lancer une réflexion sur l'éthique de certaines interventions policières mineures, je voudrais, comme citoyen montréalais depuis plusieurs années, poser la question suivante: comment souhaite-t-on vivre à Montréal? Et plus particulièrement, que signifient, pour nous, nos espaces publics?

Je tiens à dénoncer le zèle avec lequel certains policiers du SPVM s'amusent à donner des contraventions dans le parc Lafontaine, notamment cet été. Afin de lancer une réflexion sur l'éthique de certaines interventions policières mineures, je voudrais, comme citoyen montréalais depuis plusieurs années, poser la question suivante: comment souhaite-t-on vivre à Montréal? Et plus particulièrement, que signifient, pour nous, nos espaces publics?

Les dérives fréquentes des «opérationnettes» de la SPVM dans les parcs de Montréal nous portent presque à croire que nos agents de la paix souhaitent effectivement avoir la paix en instaurant peu à peu, à coup de contraventions en guise d'avertissement, un calme ontarien dans les lieux publics de la métropole.

Par exemple: vendredi soir, 22h30, parc Lafontaine. Plusieurs groupes de personnes, de tous âges, étirent leur pique-nique autour des terrains de pétanque. Puis, un groupe de policiers arrive et délivre un bon nombre DE contraventions, plus ou moins hasardeuses, à certaines personnes parmi tant d'autres qui avaient en leur possession une consommation alcoolisée. Classique. Seulement voilà, à cela il faut ajouter un refus catégorique de communiquer, la négation de la possibilité d'un avertissement, des bavures ridicules, des leçons de morale complètement déplacées à des aînés, et même quelques insultes verbales aux plus jeunes.

Serions-nous ici devant un dérapage du code d'éthique de nos policiers de quartier? À moins que le SPVM cherche à combler son déficit de façon inédite en donnant des contraventions comme on distribue des dépliants? Sommes-nous en train de perdre la petite tolérance institutionnelle dont notre province peut être généralement fière? Oublions-nous que l'intransigeance policière ne mène qu'à l'amertume et la hargne alors que le sens de la répartie et la communication imposent le respect et la coopération ?

Je rappellerai au maire Tremblay, à vous, M. Parent, ainsi qu'à tout l'effectif policier que les lieux publics de notre ville sont des lieux de socialisation qui font en sorte qu'il fait bon vivre à Montréal. Le problème est donc lié à la dimension strictement opérationnelle avec laquelle les policiers appliquent les sanctions prescrites par la loi. Des lois qui existent, bien sûr, pour protéger la qualité de vie des citoyens face aux abus et à la criminalité. Cependant, la réalité sociale est souvent beaucoup plus complexe que veut bien l'entendre la législation municipale.

Nos policiers doivent donc faire preuve d'intelligence professionnelle, d'analyse et de jugement en se rappelant bien que leur fonction est celle de protéger la population et non de jouer aux cowboys à ses dépens.

Sans aborder la fragilité des outils que reçoivent nos policiers durant leur formation pour comprendre la société, il faut souligner avec vigueur que l'application systématique des lois et des sanctions revient à réduire la vie sociale de la métropole entre quatre murs, été comme hiver.

Je livre ma position au nom de milliers de Montréalais qui clament pour une éthique de l'intervention policière en lieux publics. À ce sujet, je vous invite à visionner à nouveau le film de Michka Saäl, intitulé Zéro tolérance, qui questionne l'attitude des policiers de Montréal face à leurs concitoyens et qui affirme à maintes reprises que les policiers, pour mieux servir la population, doivent se faire un devoir de comprendre et d'incarner les valeurs de notre société.

* L'auteur est un étudiant à la maîtrise en études littéraires à l'UQAM. Il adresse sa lettre ouverte au nouveau directeur de police du SPVM, M. Marc Parent.