On discute à n'en plus finir de la construction d'un amphithéâtre pour une équipe de hockey, on paie à coup de millions des commissions d'enquête sur des politiciens menteurs, mais que la police de Montréal ait cessé depuis quelques temps de traiter certains de ses dossiers, que des enquêtes soient abandonnées en cours de route faute d'effectif, que le nombre de policiers risque de passablement diminuer, rien de tout cela ne fait la une des journaux.

On discute à n'en plus finir de la construction d'un amphithéâtre pour une équipe de hockey, on paie à coup de millions des commissions d'enquête sur des politiciens menteurs, mais que la police de Montréal ait cessé depuis quelques temps de traiter certains de ses dossiers, que des enquêtes soient abandonnées en cours de route faute d'effectif, que le nombre de policiers risque de passablement diminuer, rien de tout cela ne fait la une des journaux.

Dois-je en conclure que ça ne dérange personne de savoir qu'en novembre, 140 jeunes policiers seront mis à pied à Montréal alors que 160 postes permanents resteront vacants et que, par conséquent, les policiers ne seront plus en mesure de répondre adéquatement aux appels d'urgence des Montréalais ?

Dans l'esprit du citoyen, le policier représente inconsciemment une ombre menaçante planant au-dessus de lui, un donneur de contraventions qu'il préfère ne jamais rencontrer. Au fond, il apprécie le travail nécessaire des agents de la paix, mais de loin, du plus loin possible. Les conditions de travail de celui qui « fait la police » ne le préoccupent pas tant que tout marche sur des roulettes dans sa ville.

À leur sortie de l'école de police de Nicolet, les jeunes diplômés embauchés par la ville de Montréal le sont sur une base non permanente. On les envoie sur le terrain accompagnés de policiers permanents afin de les entraîner. De 15,70 $ l'heure au début, ils sont passés à un salaire faramineux de 16,92 $ l'heure pendant deux ans ! En novembre, ces jeunes se retrouveront à la rue. Pour les remplacer, on engagera probablement un autre groupe de nouveaux diplômés et on économisera ainsi le salaire de 140 policiers permanents. Dans le langage populaire, on appelle ça du « cheap labor » ; exploitation éhontée serait le mot juste en français.

Ces jeunes non permanents exercent pourtant le métier avec les mêmes responsabilités et ils affrontent les mêmes dangers que leurs aînés. Ils risquent autant leur vie quand ils partent en filature, se mesurent à la violence chaque jour, font face aux mêmes criminels dans les mêmes situations, et doivent continuellement user de leur jugement pour prendre des décisions immédiates. Tout cela pour maintenir la paix et la sécurité dans notre belle ville.

Qui, parmi nous, irait ramasser un noyé sur bord du fleuve, un cadavre qui a pourri dans une remise depuis quelques jours, un motocycliste démembré par une voiture, un motard enragé, un suicidaire armé qui veut tuer tout ce qui bouge autour de lui pour 16,92 $ l'heure en sachant qu'il se fera mettre à la porte dans quelques mois ?

Nous n'avons pas le droit de laisser des autorités inconscientes pratiquer une telle politique injuste pour des motifs de budget quand on sait le gaspillage que font les gouvernements avec notre argent. Montréal prend des risques en diminuant ses effectifs policiers depuis quelques années, cela est grave et de ne devrait laisser aucun citoyen indifférent.

Je n'en ai rien à foutre de l'influence politique pour la nomination des juges, mais quand je ne retrouverai plus ma voiture parce qu'on l'a volée dans un stationnement, quand des bandits se seront introduits par effraction dans mon domicile pour me voler ou m'agresser, quand je me retrouverai sur la chaussée, gravement blessée par une voiture, ou encore quand une bagarre à main armée se produira dans le bar où je serai en train de prendre tranquillement un verre, ou quand je surprendrai mon voisin à battre sa femme ou à abuser de sa fillette, je serai bien contente de signaler le 911 dans l'espoir de voir se pointer des policiers quelques minutes plus tard afin de me porter secours.

Oublions les contraventions, et arrêtons-nous un instant pour réfléchir et voir en nos policiers des promoteurs de sécurité et de paix, et des véritables protecteurs du citoyen. De grâce, appuyons leur campagne, parlons-en, manifestons, descendons avec eux dans la rue afin de faire bouger dans la bonne direction ceux qui détiennent le pouvoir.