La Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) et sa présidente, Régine Laurent, sont parties en guerre contre le recours aux agences privées qui offrent des soins infirmiers dans les établissements du réseau de la santé. Pour la présidente, les agences privées sont les «parasites du système». C'est du moins ce qu'elle déclarait à la radio de la SRC il y a quelques jours.

La Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) et sa présidente, Régine Laurent, sont parties en guerre contre le recours aux agences privées qui offrent des soins infirmiers dans les établissements du réseau de la santé. Pour la présidente, les agences privées sont les «parasites du système». C'est du moins ce qu'elle déclarait à la radio de la SRC il y a quelques jours.

Mme Laurent n'est pas la première représentante syndicale à défendre le monopole d'État dans la prestation de certains services à la population et le monopole syndical qui va avec.

La Fédération des chambres de commerce partage avec la population le sentiment que les infirmières jouent un rôle essentiel dans notre système de santé et que leurs conditions de travail doivent être améliorées. Au cours des dernières années, les gouvernements ont cherché à bonifier ces conditions de travail. De toute évidence, ils n'y sont pas parvenus, en dépit des ressources financières importantes qui y sont consacrées.

Notre système de santé souffre de beaucoup de rigidités, parmi lesquelles plusieurs rigidités syndicales, qui ne facilitent pas l'amélioration générale du climat de travail. Cela, sans compter que la démonstration du coût moins élevée, pour les contribuables, d'une infirmière du système public est loin d'avoir été faite de façon convaincante.

On ne doit donc pas s'étonner que plusieurs infirmières ne souhaitent pas poursuivre leur carrière dans cet environnement et qu'elles cherchent à exercer leur profession chez un autre employeur. D'autres infirmières optent pour un autre type de travail, tout en demeurant disponibles pour donner un coup de main à l'occasion à leurs consoeurs du milieu hospitalier.

Comment un syndicat qui représente les infirmières peut-il mépriser à ce point ses collègues, simplement parce qu'elles ont choisi un autre employeur et qu'elles ne cotisent plus au syndicat, ou au même syndicat? Comment traiter de «parasites» les infirmières des agences qui, tous les jours, viennent soulager le fardeau des infirmières des centres hospitaliers et centres publics d'hébergement en oeuvrant à leur côté?

Poussons la logique de la FIQ à sa limite. Si on interdisait demain matin aux infirmières «du privé» d'offrir des prestations dans les établissements publics, est-ce que toutes ces infirmières redeviendraient des salariées de l'État? Elles n'ont pas quitté le service public par caprice ou sur un coup de tête. Alors, on peut aisément supposer que si elles ne trouvaient pas du travail ailleurs, elles prendraient une retraite hâtive ou se réorienteraient sur le plan professionnel. Bref, il y aurait assurément moins d'infirmières disponibles sur le plancher. Est-ce qu'on améliorerait ainsi le sort des infirmières?

Il y a des limites à se tirer dans le pied. La FIQ devrait concentrer ses énergies à améliorer les conditions de travail de ses membres. Elle devrait aussi examiner certaines de ses positions de nivellement qui ne sont pas de nature à retenir dans le secteur public certaines catégories d'infirmières. Évidemment, c'est plus facile de frapper sur un bouc émissaire.

Les infirmières apportent une contribution indispensable aux services de santé, dans de multiples établissements et chez une diversité de plus en plus grande d'employeurs. Travaillons ensemble à améliorer leurs conditions de pratiques plutôt qu'à les diviser en clans. Et le monopole n'est certes pas la solution!