Cette semaine, le recteur de l'Université de Montréal, Guy Breton, est revenu à la charge afin de proposer de hausser les droits de scolarité à l'université. Il faisait alors écho aux propos tenus quelques jours plus tôt par André Pratte en éditorial. Comme le démontre la plus récente étude de l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS), cette proposition ne réglera pas les problèmes de financement du réseau universitaire et, pire encore, en réduira grandement l'accessibilité.

Cette semaine, le recteur de l'Université de Montréal, Guy Breton, est revenu à la charge afin de proposer de hausser les droits de scolarité à l'université. Il faisait alors écho aux propos tenus quelques jours plus tôt par André Pratte en éditorial. Comme le démontre la plus récente étude de l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS), cette proposition ne réglera pas les problèmes de financement du réseau universitaire et, pire encore, en réduira grandement l'accessibilité.

D'aucune manière, les hausses tarifaires en éducation ne peuvent être assimilées à une politique de refinancement. Historiquement, nous observons, à mesure que grimpent les droits de scolarité, une diminution subséquente du financement public des établissements d'enseignement. C'est donc dire que par les augmentations des tarifs demandés aux étudiants, on opère une transformation des sources du financement universitaire. Au final, les universités sont tout autant aux prises avec des difficultés d'ordre budgétaire, mais doivent se livrer une concurrence de plus en plus vive afin d'attirer à elles une plus grande quantité d'étudiants afin d'assurer leur financement.

Rappelons également que les hausses tarifaires en éducation ne sont pas sans effet au niveau de l'accessibilité et de la fréquentation scolaire. Les effets d'un ajustement sur la moyenne canadienne des droits de scolarité au Québec auraient des effets désastreux pour les familles à revenus moyens. Par exemple, un passage du niveau actuel vers le niveau moyen prévalent ailleurs au Canada représenterait une augmentation de 3149$ en frais annuel. Pour une famille ayant un revenu de 40 400$ après impôt, un tel accroissement équivaudrait à une élévation des charges fiscales de l'ordre de 7,79% en proportion de ses revenus. À l'inverse, une famille avec des revenus totaux après impôt de 194 500$ par année n'aurait qu'à subir une élévation de ses charges de 1,62%. Le caractère régressif d'une telle mesure viendra donc remettre en question la capacité de plusieurs familles à soutenir le parcours scolaire de leurs jeunes.

Une augmentation générale de 1000$ par année tend généralement à diminuer, surtout chez les étudiants en provenance de familles à revenus moyens ou modiques, la fréquentation universitaire de 1% à 3%. Notre étude démontre d'ailleurs que le Québec connaît une fréquentation de 9% plus élevée de ses institutions postsecondaires que la moyenne canadienne entre autres grâce à l'accessibilité de ses établissements.

Une augmentation différenciée par programme, qui viserait à faire payer plus cher les étudiants en médecine que ceux en histoire par exemple, aurait donc un impact dévastateur sur la composition sociale des cohortes étudiantes. En Ontario, qui applique de telles hausses différenciées en médecine, d'importantes baisses ont été remarquées au niveau des inscriptions de certaines catégories d'étudiants. La proportion des jeunes en provenance de familles avec des revenus variant de 40 000$ à 60 000$ a diminué de 4% entre 2001 et 2007. À l'inverse, le nombre de jeunes provenant de familles avec des revenus totaux excédents les 100 000$ a augmenté 10%. C'est donc dire que des hausses de frais de scolarité différenciées impliquent une forme de ghettoïsation sociale de certains programmes universitaires.

Quant au remède miracle de l'aide financière, rappelons que les changements opérés à ces programmes n'ont jamais comblé les hausses de frais de scolarité. De plus, on remarque depuis quelques années, surtout au fédéral, un changement dans le fonctionnement des bourses aux études qui sont de plus en plus attribuées en fonction de l'excellence et non du besoin, ce qui favorise en général les étudiants venant de familles mieux nanties. Rien qui aidera à résorber les tendances lourdes que nous pointons dans notre étude et auxquelles MM. Breton et Pratte semblent aveugles.