Le Canada a subi une humiliante défaite à l'ONU alors qu'il cherchait à obtenir un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité. Son image est ternie et il faudra maintenant un grand effort de la part du gouvernement afin de regagner l'appui de la communauté internationale.

Le Canada a subi une humiliante défaite à l'ONU alors qu'il cherchait à obtenir un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité. Son image est ternie et il faudra maintenant un grand effort de la part du gouvernement afin de regagner l'appui de la communauté internationale.

Plusieurs raisons expliquent l'échec du Canada. Celles invoquées par le ministre Lawrence Cannon, elles, ne tiennent pas la route. Selon lui, les déclarations des chefs de l'opposition, à savoir que le Canada ne méritait pas d'être élu cette année, ont nui. Ceci est contestable, les États votants ayant autre chose à faire que de lire les deux ou trois déclarations malheureuses et inopportunes de Gilles Duceppe ou de Michaël Ignatieff sur le sujet.

Quant à la deuxième raison, qui veut, selon le ministre, que la cause de l'échec soit liée à l'attachement du Canada aux valeurs de démocratie, de défense des droits humains et de la loi, elle est douteuse. Le ministre veut-il suggérer que le Portugal et l'Allemagne ont été élus parce qu'ils auraient fait comprendre aux États qu'ils étaient moins rigoureux dans la défense de ces valeurs?

Non, il faut chercher ailleurs les véritables raisons de cette débâcle. J'en vois essentiellement une : le déclin de l'influence du Canada dans le monde.

Les jeux n'étaient pas fait hier matin lorsque les 192 États membres de l'ONU ont commencé à voter afin de choisir entre l'Allemagne, le Portugal et le Canada qui occuperait les deux sièges réservés au bloc occidental. L'Allemagne était certaine de l'emporter largement alors que le Canada était confiant d'être élu. Le résultat a été surprenant pour tous. L'Allemagne a été élue par un vote de plus que la majorité exigée, alors que, pour la première fois, le Canada se retrouvait troisième.

Si ce résultat démontre que rien n'est acquis aujourd'hui à l'Assemblée générale de l'ONU, même pour une puissance comme l'Allemagne, il met surtout en relief la lente perte d'influence du Canada dans le système international, un déclin amorcé depuis plusieurs années face à d'autres pays qui prennent leur place dans le monde. Les résultats des élections au Conseil de sécurité depuis 20 ans le révèlent. En 1988, le Canada avait été élu avec 127 votes sur 159 pays présents. Dix ans plus tard, il avait obtenu 131 votes sur 185 pays présents. Malgré cette belle victoire, c'était un premier tassement. Hier, au premier tour, les votes se sont partagés presque équitablement entre les trois concurrents avec un léger avantage pour l'Allemagne, mais au deuxième tour, la candidature du Canada s'est littéralement effondrée. Le Portugal a recueilli le fruit de 10 ans de campagne et d'une présence modeste mais grandissante sur la scène internationale.

Certains diront donc que ce déclin est lié aux politiques adoptées depuis 10 ans, particulièrement par le gouvernement Harper. Plusieurs États ont pu être choqués par certains choix et ont boudé le Canada au moment de voter. Il est pourtant impossible de déterminer avec exactitude laquelle de ces politiques a été néfaste au Canada. Chacun des 192 États présents lors du vote a été guidé par des considérations nationales et des intérêts particuliers à défendre.

Lorsqu'on examine l'ensemble de la politique étrangère du gouvernement Harper, on peut dire qu'il défend des positions qui ne sont pas radicalement différentes des libéraux. C'est exactement le sens de la déclaration, il y a quelques jours, de Llyod Axworthy, ancien ministre libéral des Affaires étrangères et champion de la sécurité humaine lors du vote de 1998. Il disait faire sien le programme de Stephen Harper.

Pourtant, quelque chose ne passe plus entre le Canada et une bonne partie du monde. Au-delà des attaques partisanes, le gouvernement a maintenant le devoir et la responsabilité de rétablir le lien.