À la fin du XIXe siècle, un frêle religieux de la congrégation de Sainte-Croix, portier au collège Notre-Dame à Montréal, contemplait souvent la montagne qui se dressait devant sa fenêtre. Il y voyait un oratoire dédié à la gloire de saint Joseph. Cette vision était portée par une foi à transformer les montagnes. Le rêve deviendra réalité. À sa mort en 1937, un million de personnes convergeront vers la dépouille de l'humble frère au pied de l'Oratoire du Mont-Royal qui deviendra le plus grand lieu de pèlerinage au monde consacré à saint Joseph.

À la fin du XIXe siècle, un frêle religieux de la congrégation de Sainte-Croix, portier au collège Notre-Dame à Montréal, contemplait souvent la montagne qui se dressait devant sa fenêtre. Il y voyait un oratoire dédié à la gloire de saint Joseph. Cette vision était portée par une foi à transformer les montagnes. Le rêve deviendra réalité. À sa mort en 1937, un million de personnes convergeront vers la dépouille de l'humble frère au pied de l'Oratoire du Mont-Royal qui deviendra le plus grand lieu de pèlerinage au monde consacré à saint Joseph.

Le frère André sera déclaré saint à Rome par Benoît XVI dimanche, devenant ainsi le premier homme né au Canada à recevoir un tel honneur, après Marguerite d'Youville, canonisée en 1990. Un grand rassemblement au Stade olympique de Montréal le 30 octobre permettra à des dizaines de milliers de fidèles de célébrer cette figure spirituelle unique au pays.

Plusieurs trouvent en frère André un ami qui est proche d'eux et qui les aide à vivre. Il fait partie de notre histoire, de la famille, comme Maurice Richard et Félix Leclerc. On reconnaît en ces éveilleurs des valeurs qui nous caractérisent souvent: audace, authenticité, courage, détermination, humilité, humour, simplicité. Certes, le frère André est un saint qui éclaire, non une star qui brille, car il irradie l'amour de Dieu, mais il ne s'est pas fait tout seul.

Orphelin dès l'âge de 12 ans, Alfred Bessette se débrouille tôt. Il tente même sa chance dans les usines de la Nouvelle-Angleterre, sans succès. À l'aube de la vingtaine, il revient au pays en cherchant un sens à sa vie. Sa simplicité le rend très proche de saint Joseph qu'il fréquente comme un ami fidèle. Et l'on connaît la suite. Son admission à la congrégation de Sainte-Croix, son travail de portier... Il dira avec humour: «Quand je suis arrivé au collège, ils m'ont mis à la porte, et j'y suis resté 40 ans.» Il devient, à 63 ans, le gardien du petit oratoire. Sa réputation dépasse les frontières. On le surnomme «le thaumaturge du Mont-Royal». À un clerc qui le met en garde contre l'orgueil, il sourit en sortant de sa poche une statuette de saint Joseph: «Il n'y a pas de danger: j'ai saint Joseph dans ma poche.»

Le frère André reste tributaire de son temps, quelques-uns de ses faits et paroles nous «parlent» moins dans notre contexte socioculturel. Il faut les replacer en leur époque, moins sensible que la nôtre, par exemple, à la cause des femmes, à l'environnement, à la psychologie... Le piège de l'anachronisme nous guette toujours lorsque nous évoquons les figures du passé.

Il me semble tout de même que le frère André a quelque chose à nous dire dans notre société laïque. Sa vie fidèle et son action tenace témoignent que la vie vaut la peine d'être vécue, que nous sommes dignes d'être aimés. Son dévouement pour les démunis trouve écho à nos oreilles. Il montre que le Christ n'exclut personne, que la foi chrétienne engage toute l'existence, qu'il est important de respecter les gens qui ne croient pas et ne pensent pas comme nous, que la prière féconde le quotidien, que la miséricorde de Dieu est infinie, qu'il faut garder confiance et courage.

L'accueillant portier en aura ouvert des portes dans sa vie, mais celle qu'il nous invite à prendre aujourd'hui débouche sur ce dynamisme intérieur qu'on appelle l'espérance. C'est ce dont nous avons peut-être le plus besoin, individuellement et collectivement.