Étant amateur de restaurants depuis plusieurs décennies, j'ai parcouru avec curiosité les textes publiés dans La Presse du samedi 6 novembre («Le blues du bistro»). Les nombreuses misères relatées dans la restauration montréalaise sembleraient s'expliquer en bonne partie par des difficultés de gestion de toutes sortes. Difficultés qui conduiraient quelques centaines de restaurants à fermer leurs portes chaque année.

Étant amateur de restaurants depuis plusieurs décennies, j'ai parcouru avec curiosité les textes publiés dans La Presse du samedi 6 novembre («Le blues du bistro»). Les nombreuses misères relatées dans la restauration montréalaise sembleraient s'expliquer en bonne partie par des difficultés de gestion de toutes sortes. Difficultés qui conduiraient quelques centaines de restaurants à fermer leurs portes chaque année.

En tant que consommateur qui mange souvent dans différents types de restaurants, mes expériences culinaires sont variées. J'ai tout de même isolé un facteur crucial qui, à mon avis, devrait être ajouté aux difficultés de gestion qui acculent certains restaurateurs à la faillite: le service à la clientèle, qui est déterminant.

Tant sur le plan de la qualité de la nourriture que du service offert en salle, de très nombreux restaurants accusent des lacunes majeures qui font que je cesse parfois de fréquenter un restaurant.

L'accueil et le service dans de trop nombreux restaurants souffrent d'inconstance. Bien que ce soit pour la qualité de la nourriture que je fréquente un restaurant, j'aime bien être accueilli comme un invité, de façon courtoise. Ce n'est pas toujours le cas. Mais bon... Il est dommage qu'au Québec l'emploi de serveur ou serveuse ne soit pas plus strictement encadré. J'ai noté avec surprise que nombre de serveurs et serveuses le sont par «défaut», en attendant de terminer leurs études ou de décrocher un rôle au théâtre, ou parce qu'ils n'ont pas réussi à trouver autre chose.

Pour avoir vécu et voyagé en Europe pendant plusieurs années, j'ai pu y constater que ce métier est sanctionné officiellement et qu'on ne s'y improvise pas aussi facilement qu'ici. Chez nous, ces employés débarquent en restauration comme un cheveu sur la soupe... Le service en souffre lamentablement.

Je m'amuse systématiquement en commandant, par exemple, ma tasse de café au lait sans mousse et très chaud. La plupart du temps et où que ce soit, le café est tiède, la mousse me monte au nez ! Détails, me direz-vous? Qui illustre à quel point, aussi, les demandes du client ont peu d'importance pour quelqu'un dont ce n'est pas le métier principal.

Autre détail: suggérez qu'on baisse un peu la musique qui force à crier plutôt qu'à converser... Bonne chance!

La qualité de ce qu'on nous sert fait partie du service à la clientèle. Les modes influencent périodiquement la composition des menus et les présentations dans les assiettes. Mais en tant que client, mon souci est de bien manger, en relaxant, en bonne compagnie.

Beaucoup de restaurateurs - pourtant très renommés - oublient souvent que le contenu de l'assiette doit respecter la description qu'on en fait au menu. À ce chapitre, les entourloupettes sous forme de phrases éthérées pour décrire les plats sont malheureusement plus alléchantes que ce qu'on nous sert. Le snobisme fait loi dans beaucoup de restaurants, au détriment du rapport qualité/prix.

Le vin est un autre irritant, objet de préoccupation crucial quand je choisis un restaurant. La tendance, il faut bien en convenir, est de tripler le prix des piquettes qu'on paie déjà trop cher à la SAQ. En ajoutant les taxes et le service, une modeste bouteille atteint un prix exorbitant.

Une autre tendance en restauration est de «tout mettre sur le décor» en pensant que le gourmet flanchera devant ce leurre. Les prix gonflés sont choses courantes, tout comme les déceptions qui en résultent chez le client.

Tant que les restaurateurs n'auront pas un souci plus grand pour leur clientèle en ce qui concerne le service en salle et le rapport qualité/prix, la restauration rencontrera périodiquement des ratés qui en propulseront plusieurs vers la fermeture.

Dans une ville d'amateurs de restaurants comme Montréal, il m'est difficile de compatir avec les restaurateurs qui se plaignent avant de faire un examen de conscience complet qui inclut, lui, tous les aspects du service à la clientèle. Là-dessus, leurs habiletés ne semblent pas à la hauteur de leurs prétentions gastronomiques.