La présidente du Conseil du Trésor du Québec vient d'annoncer comment le gouvernement entend réduire l'augmentation des dépenses pour retrouver l'équilibre budgétaire dans quatre ans. Vous avez bien lu : pas une réduction des dépenses, mais seulement un ralentissement de leur croissance.  

La présidente du Conseil du Trésor du Québec vient d'annoncer comment le gouvernement entend réduire l'augmentation des dépenses pour retrouver l'équilibre budgétaire dans quatre ans. Vous avez bien lu : pas une réduction des dépenses, mais seulement un ralentissement de leur croissance.  

Rappelons que sous les trois mandats de M. Charest, la croissance moyenne annuelle des dépenses de programmes (5%) a dépassé de 56% la croissance moyenne de l'économie (3,2%). En sept ans de règne libéral, on prévoit que les dépenses consolidées auront augmenté de 52%. Pour la dernière année budgétaire, le ministre Bachand a annoncé une augmentation de 3,9% des dépenses budgétaires, soit quatre fois le taux d'inflation. En sept ans de gestion, le gouvernement Charest aura augmenté la dette de 36%. Cette année seulement, elle augmentera de 7,5 milliards de dollars!  

Il y a plusieurs façons de calculer la dette d'un gouvernement, mais si on prend celle reconnue par le compteur de dette de l'Institut économique de Montréal, la dette du service public dépasse maintenant les 223 milliards (elle augmente de 22 millions par jour !), soit 72,6% du produit intérieur brut. En ajoutant notre part de la dette fédérale, l'endettement québécois rejoint celui des pays les plus endettés sur la planète, en compagnie du Zimbabwe, de la Grèce et de l'Italie.

On est bien au-delà des niveaux du Royaume-Uni qui ont pourtant déclenché une crise là-bas. Pour y répondre, le gouvernement britannique vient tout juste d'annoncer ses prévisions de dépenses pour les cinq prochaines années. Il s'est engagé à ce que les dépenses des ministères n'augmentent que de 1/10 de 1% par année (aussi bien dire un gel des dépenses) au cours des quatre prochaines années, passant de 513 milliards à 516 milliards.  

Combiné à des augmentations d'impôts, ce régime devrait permettre de commencer à réduire la dette nette du service public à compter de 2014. Le chancelier de l'Échiquier, David Osborne, a annoncé que son budget représentait un premier pas pour sauver le Royaume-Uni de l'abîme. La situation à laquelle font face les Anglais est en effet dramatique : leur déficit annuel a explosé à 11% du produit national brut et la dette nette totale dépasse 1,5 trillion, soit 60% du produit national brut (deux fois moins que celui du Québec).

Jean Chrétien et Paul Martin ont bien compris la leçon dans la décennie 90. Après avoir contribué à plonger le Canada dans l'abîme, le gouvernement libéral, sous leur gouverne, a diminué les dépenses du l'État fédéral de 9,7% en deux ans, remettant le Canada sur les rails pendant 11 budgets consécutifs.

Dans un récent sondage de la firme Léger Marketing, on apprenait que 51% des Québécois souhaitaient un retour à l'équilibre budgétaire dès le prochain budget, contre 32% qui souhaitent attendre 2013-2014, comme le prévoit le gouvernement. De plus, 80% des répondants affirment que le gouvernement devrait atteindre cet objectif par une réduction de ses dépenses. Une majorité de Québécois comprend dans quel pétrin se trouve la province.  

La présidente du Conseil du Trésor, forte de cet appui, aurait intérêt à s'inspirer de l'expérience des libéraux fédéraux dans les années 90 et du dernier budget du gouvernement minoritaire Cameron. Elle pourrait y trouver le courage politique nécessaire afin de générer au plus vite des surplus budgétaires en baissant les dépenses, pas seulement en ralentissant leur croissance.  

Quand on est dans le trou, la première chose à faire, c'est d'arrêter de creuser, non pas de creuser moins vite...