Dans un récent sondage d'Angus Reid-La Presse, 75% de la population québécoise croit que la province de Québec est corrompue. Le magazine Maclean's n'a-t-il pas osé l'affirmer haut et fort il y a quelques semaines? Ce qui avait engendré un tollé de protestations des Québécois pour dénoncer ce magazine qui se permettait de nous dire ce que nous savions déjà.  

Dans un récent sondage d'Angus Reid-La Presse, 75% de la population québécoise croit que la province de Québec est corrompue. Le magazine Maclean's n'a-t-il pas osé l'affirmer haut et fort il y a quelques semaines? Ce qui avait engendré un tollé de protestations des Québécois pour dénoncer ce magazine qui se permettait de nous dire ce que nous savions déjà.  

Les Québécois le disent maintenant haut et fort: leur province est corrompue. Et la solution pour combattre cette corruption, selon toutes les tribunes publiques et la population en général, si l'on en croit les médias, est de déclencher une commission d'enquête sur les liens entre la mafia et la construction.  

Une fois déclenchée, cette commission réglera-t-elle toute la corruption qui sévit au Québec? De la pure pensée magique, je crois, car ce sont les moeurs de la population qu'il faut changer en premier, et un clic de souris (commission d'enquête) pour supprimer la chose (la corruption dans la province) ne fera que conforter temporairement les citoyens et procurera une autre téléréalité dont nous, les Québécois, raffolons. S'il y a de la corruption dans l'industrie de la construction, c'est qu'il y a des citoyens qui se prêtent à ce jeu. Combien de Québécois ont eu l'occasion de faire travailler au noir des ouvriers de la construction, et qui n'ont pas hésité à le faire pour quelques économies trompeuses?  La corruption commence toujours par de petites actions qui semblent sans conséquence, mais qui en fin de compte, sert à édifier dans la société une conscience élastique et égoïste au grand profit des fraudeurs qui savent pertinemment bien que personne ne va les dénoncer.  

Au fil des années, la population québécoise s'est habituée à ne considérer que ce que peut lui procurer la société, sans jamais vraiment offrir en retour sa participation aux affaires publiques. Le gouvernement est devenu, pour la population du Québec, le pourvoyeur de son bien-être et, en même temps, le méchant qui ne peut combler toutes ses attentes.   

Il est maintenant normal pour la population québécoise de croire que le décrochage scolaire est seulement l'affaire du gouvernement, que les garderies ne coûtent que 7$, que le gouvernement devrait en mettre sur pied un nombre suffisant pour chaque enfant, que les ressources naturelles telles que le gaz de schiste devraient être exploitées seulement si le paysage bucolique de la campagne n'est pas abîmé, et que tous les profits des compagnies qui en font l'exploitation soient versés au gouvernement.   

Il y a un problème de circulation automobile dans nos grandes villes, eh bien c'est au gouvernement de régler la situation. Jamais il ne nous viendrait à l'esprit que nous, les automobilistes, en sommes le problème et la solution.       

Une commission d'enquête sur la construction et les liens avec la mafia est-elle nécessaire? Peut-être, mais avant, il faudra amender les comportements des Québécois afin qu'ils s'impliquent personnellement dans les affaires publiques, qu'ils n'acceptent plus de télécharger leurs responsabilités vers le gouvernement, et que le bien-être collectif de la population figure dans les priorités des citoyens. Naïf peut-être, mais les solutions à la corruption interpellent en premier les citoyens.