Les révélations de WikiLeaks concernant les capitales arabes donnent sans contredit un grand succès de propagande à l'Iran. Pourtant, de son côté, en Israël, le premier ministre Benyamin Nétanyahou affirme qu'elles légitiment et renforcent sa politique.

Les révélations de WikiLeaks concernant les capitales arabes donnent sans contredit un grand succès de propagande à l'Iran. Pourtant, de son côté, en Israël, le premier ministre Benyamin Nétanyahou affirme qu'elles légitiment et renforcent sa politique.

En fait, de part et d'autre, les avantages revendiqués sont bien réels, mais ils s'enregistrent sur des tableaux et auprès d'auditoires totalement différents. En même temps, ils ne font que rendre encore plus difficile la «gestion» du dossier nucléaire iranien par l'administration Obama.

C'est en faisant de l'Iran l'adversaire le plus irréductible d'Israël et l'État le plus «dévoué» à la cause palestinienne que Mahmoud Ahmadinejad s'est construit un important capital politique dans les masses populaires des pays arabes voisins et en particulier chez les jeunes qui estiment que leurs dirigeants en font beaucoup trop peu derrière une solidarité obligatoire et déclaratoire avec les Palestiniens.

C'est fort de ce capital politique que l'Iran peut exercer des pressions sur les dirigeants des pays arabes voisins et s'estime même capable de pouvoir les déstabiliser. Et c'est largement pour cela que les monarchies du Golfe Persique et l'Égypte redoutent, comme on le savait bien, la montée en puissance et en influence de l'Iran dans la région.

Comme on le sait, depuis plus d'un an, M. Nétanyahou presse ouvertement les États-Unis d'entreprendre une action militaire contre l'Iran en menaçant à défaut de cela d'une attaque unilatérale israélienne. Il était impensable que des dirigeants d'États arabes puissent apparaître faire chorus avec Israël sans se délégitimer très gravement auprès de leur population; surtout dans un contexte où M. Nétanyahou faisait carrément obstacle à tous les efforts de l'administration Obama pour trouver une solution de compromis au conflit israélo-palestinien.

Or c'est bien ce que viennent de démontrer les révélations de WikiLeaks qui nous apprennent que le roi d'Arabie Saoudite et les princes des Émirats du Golfe ont fréquemment pressé Washington de passer à l'action militaire. Si rien n'indique que l'Égypte en ait fait autant, d'autres documents américains révèlent cependant qu'Israël avait «consulté» l'Égypte avant d'entreprendre l'assaut « plomb durci » contre Gaza à la fin de 2008; ce que Le Caire avait dénié jusqu'à maintenant.

Tout cela ne peut que donner un large crédit aux accusations de pusillanimité et de duplicité formulées depuis longtemps à Téhéran à l'endroit des dirigeants de ces pays. À tel point que M. Ahmadinejad, le plus souvent provocateur et gaffeur, a pu se permettre de jouer la «magnanimité» pour ne pas de les pousser dans leurs derniers retranchements. La semaine dernière, mettant en doute la crédibilité des documents publiés, il se disait persuadé que l'affaire «ne nuirait pas aux bonnes relations de l'Iran avec ses voisins arabes».

Le même jour, M. Nétanyahou déclarait que les révélations de WikiLeaks prouvaient enfin qu'Israël était loin d'être le seul État à évaluer correctement la menace iranienne et qu'ils justifiaient sa politique et tous ses avertissements. Les monarchies du Golfe sont enfin «sorties du placard», disait un de ses adjoints... Leurs premières réactions montrent cependant qu'elles cherchent plutôt à y demeurer...

Ces derniers événements montrent bien que Barack Obama, au début de son mandat, avait de très bonnes raisons de considérer que des avancées décisives vers une solution du conflit israélo-palestinien devaient nécessairement accompagner les pressions exercées sur l'Iran et la recherche d'un compromis sur son dossier nucléaire.

Plus que les révélations de WikiLeaks, et les armes qu'ils apportent à MM. Ahmadinejad et Nétanyahou, c'est surtout la victoire et le revanchisme tous azimuts des républicains aux élections de mi-mandat qui lui rendront la tâche pratiquement impossible, sans doute autant sur le second que sur le premier tableau.