Monsieur le premier ministre, il est impossible que, dans un pays comme le Canada, votre gouvernement agisse de façon aussi inhumaine que cynique avec les retraités invalides de la compagnie Nortel.

Monsieur le premier ministre, il est impossible que, dans un pays comme le Canada, votre gouvernement agisse de façon aussi inhumaine que cynique avec les retraités invalides de la compagnie Nortel.

Mercredi dernier, les sénateurs conservateurs ont tué le projet de loi S-216 visant à modifier la Loi sur la faillite et l'insolvabilité et à faire en sorte qu'une petite partie des 6 milliards d'actifs de Nortel serve à payer leurs pensions d'invalidité et leurs besoins médicaux essentiels. Je ne peux me résoudre à croire que vous allez abandonner quelque 400 travailleurs qualifiés déjà éprouvés durement par la maladie et leur refuser de passer un Noël d'espoir et de paix conforme à l'esprit de cette fête.

Jusqu'à la dernière minute, j'ai espéré que, comme créancier de cette faillite honteuse, vous alliez faire preuve de leadership et accepter d'allouer les modestes sommes nécessaires au financement de leurs pensions et de leurs soins médicaux.

À ma connaissance, votre gouvernement, contrairement aux autorités américaines, n'a fait aucun geste pour demander des comptes aux dirigeants comme aux administrateurs de Nortel qui ont bénéficié d'un appui extraordinaire des programmes gouvernementaux, notamment en recherche et développement et qui ont été pour beaucoup dans le naufrage de cette belle compagnie canadienne.

Il semblerait que votre désir de transparence et d'imputabilité s'exprime de façon aléatoire selon vos intérêts. Pourtant, des procédures judiciaires aux États-Unis ont conduit plusieurs dirigeants malhonnêtes dans les prisons américaines. Votre politique de «loi et d'ordre» ne s'appliquerait-elle qu'aux petites gens de notre société?

Et que dire de l'indécence avec laquelle les dirigeants de Nortel se sont versés 8 millions de dollars de boni à la veille de la faillite? Vos valeurs morales conservatrices s'arrêteraient-elles aux portes de la grande finance?

Il vous reste quelques jours de réflexion pour remettre les pendules à l'heure et présenter des mesures correctives qui rendraient leur dignité à ces travailleurs éprouvés et redonnerait des couleurs à la feuille d'érable qui a bien pâli sous votre autorité.

Au nom des travailleurs invalides de Nortel et en celui des Canadiennes et des Canadiens de bonne volonté, je vous demande solennellement de rendre justice à ces familles.