Lorsqu'un système est véritablement démocratique, l'opposition officielle est considérée comme le prochain gouvernement. Encore faut-il que cette opposition réussisse à faire élire quelques candidats et à rester solidaire. Le système électoral qu'utilisent actuellement les municipalités du Québec favorise la division de l'opposition.

Lorsqu'un système est véritablement démocratique, l'opposition officielle est considérée comme le prochain gouvernement. Encore faut-il que cette opposition réussisse à faire élire quelques candidats et à rester solidaire. Le système électoral qu'utilisent actuellement les municipalités du Québec favorise la division de l'opposition.

Sous ce système, les partis qui ne prennent pas le pouvoir sont voués à disparaître. Cette réalité explique les longues périodes au pouvoir d'un petit groupe d'élus et nourrit les risques de corruption.

Ce système électoral ne permet pas aux candidats à la mairie d'être élus comme conseillers. Il en résulte qu'à la suite d'une élection, les partis dont le chef n'est pas élu sont automatiquement décapités. Le chef n'a que peu de chance de pouvoir exercer son leadership sur son équipe jusqu'à la prochaine élection. De plus, si un parti réussit à faire élire quelques conseillers, ceux-ci se retrouvent dans une meilleure position et disposent d'un pouvoir que leur chef n'a pas. La contestation du leadership devient, on le comprend, très facile.

Aussi, il est extrêmement difficile de recruter une équipe complète pour se présenter à une élection; n'importe quel chef d'un parti politique municipal qui n'est pas au pouvoir le confirmera. Le chef qui construit son équipe utilise autant de temps à trouver des candidats qu'à mener sa propre campagne. Maintenir unie une équipe qui n'a pas gagné ses élections est extrêmement difficile, voire impossible.

Certains candidats investiront en vain beaucoup de temps, d'énergie et d'argent personnel dans leur campagne. Souvent, ils accepteront la défaite avec amertume et ne reverront plus leur équipe. Si une équipe réussit à faire élire quelques conseillers, ceux-ci se retrouvent rapidement courtisés par le parti au pouvoir qui leur fera miroiter de nombreux avantages en échange de leur ralliement. Les postes sur les différents comités, et les salaires qui y sont rattachés, représentent un attrait non négligeable pour ces derniers. Les partis de l'opposition, qu'ils aient des conseillers élus ou non, se retrouvent, dans ces conditions, rapidement divisés et survivent rarement jusqu'à la prochaine élection.

En revanche, le parti au pouvoir est facile à maintenir uni, le chef est présent. La visibilité dans les médias est pratiquement exclusive. Ce parti profite fréquemment des transfuges. Les maires ne se cacheront jamais de la publicité favorable que leur procure un conseiller de l'opposition qui joint leurs rangs.

Il en résulte qu'une révision du système électoral de nos municipalités est nécessaire. Les chefs des partis de l'opposition doivent avoir une chance de démontrer leur leadership au sein de leur équipe, apprendre de leur séjour dans l'opposition

et démontrer au public leurs capacités à prendre la relève. À cette fin, plusieurs possibilités devraient être envisagées pour modifier le système électoral.

Une première possibilité serait d'accorder aux candidats à la mairie, la possibilité de se présenter également à titre de conseiller, comme c'est le cas à Montréal. Dans une situation où ce candidat est élu à la mairie, un candidat suppléant, désigné à l'avance, prend le poste de conseiller. Ceci permet au candidat à la mairie défait de siéger au conseil municipal à titre de conseiller.

Il y aurait également la possibilité d'instaurer des élections de mi-mandat. Ainsi rythmées, les élections permettraient à une équipe qui a fait des gains d'être en position de les concrétiser. Le chef qui n'a pas été élu comme maire pourrait, cette fois, se présenter comme candidat à un poste de conseiller. La période de deux ans permet de garder une équipe unie beaucoup plus facilement.Finalement, à l'image du système utilisé par nos voisins du Sud, un nombre maximum de mandats devrait être permis. Deux ou peut-être trois mandats au maximum.