Oui, les éleveurs québécois sont des «fonctionnaires», car les subventions de l'État leur permettent d'obtenir un salaire. Mais des fonctionnaires au salaire minimum qui n'ont pas droit aux congés de maladie. Des fonctionnaires passionnés par leur travail qui travaillent sept jours sur sept pour nous offrir une nourriture saine. Les agriculteurs participent activement à l'économie du Québec. Ils sont au service de la population.

Oui, les éleveurs québécois sont des «fonctionnaires», car les subventions de l'État leur permettent d'obtenir un salaire. Mais des fonctionnaires au salaire minimum qui n'ont pas droit aux congés de maladie. Des fonctionnaires passionnés par leur travail qui travaillent sept jours sur sept pour nous offrir une nourriture saine. Les agriculteurs participent activement à l'économie du Québec. Ils sont au service de la population.

Comme vétérinaire consultant en production porcine, j'ai la responsabilité de maintenir les porcs en santé et d'éviter ainsi d'avoir à les traiter avec des produits que le consommateur ne veut pas non plus.

Les éleveurs que je conseille sont aussi soucieux de produire de la viande de qualité, car ils sont fiers de leur produit. Ils vont préférer se priver d'un employé ou attendre des années meilleures pour entretenir leurs bâtiments. Les agriculteurs ne veulent pas devenir riches et se payer des bouteilles de vin à 40$, un voyage en Thaïlande ou je ne sais quel bien de luxe. Ils veulent vivre de leur travail, tout simplement.  

La société québécoise tient-elle vraiment à une agriculture rentable? Si c'est le cas, je devrai recommander fortement à mes éleveurs, qui se voient couper leur salaire, de faire comme les Américains qui nous vendent leurs porcs à meilleur prix. Ce serait très simple. Un peu de Carbadox dans la nourriture des bêtes: 3$ d'économie par porc. Mais c'est interdit au Québec, alors que ce produit est encore autorisé aux États-Unis, malgré son potentiel carcinogène et mutagène.

Ou bien, alors je pourrais leur proposer d'ajouter de l'ASP 250, deuxième facteur de croissance rentable et très efficace. Les sulfas se retrouveraient dans les sols puis dans les plantes que nous consommons, mais ce n'est pas grave... Un peu de Virginiamycine ou de Tylosine tout au long de la croissance des porcs et ils pourront encore faire plus d'argent par tête. Et juste avant de le rendre à l'abattoir, un peu de Raptopamine... encore 3$ d'économie par porc. Mais même les Japonais et les Européens ne veulent pas de ce porc!

Les experts de notre gouvernement ne nous donnent pas le choix. Le bon consultant compétent doit faire en sorte que les éleveurs puissent nourrir leur famille et leur éviter la faillite au bénéfice des grosses entreprises qui se feront un plaisir d'acquérir leur terre à rabais. Ils sont donc contraints d'utiliser tous les moyens pour être plus rentables.

Je n'ai pas de partie pris, car je suis une citadine, une consommatrice et contribuable qui magazine chez Wal-Mart. Mais je sais ce que je veux manger et ce que je veux offrir à mes enfants, et je ne fais pas confiance à ces gens d'affaires ou économistes bornés sans vision d'avenir pour les générations futures.

L'objectif de la mondialisation, ce n'est pas produire n'importe quoi, de n'importe quelle façon au détriment des autres populations.

Je suggère donc un salaire convenable pour ces fonctionnaires qui nous nourrissent au meilleur de leur connaissance et un étiquetage clair sur la provenance de la nourriture que j'achète avec une mention des produits interdits ici, mais autorisés dans les pays qui exportent ici.

Pour ceux qui désirent vendre à profit au reste du monde et qui veulent faire de la vraie business, qu'ils le fassent sans faire de tort à notre agriculture, à notre territoire agricole, à ces agriculteurs et leur famille qui entretiennent notre campagne.

Si la société québécoise choisit de se nourrir à moindre coût, elle doit connaître les risques d'une telle décision. Alors prenons des décisions lucides et soyons conscients des conséquences de celles-ci.

Au lieu de dénigrer nos agriculteurs et de dévaloriser leur travail, appuyons-les et donnons-leur toutes les ressources nécessaires pour nous nourrir sainement.