Dans sa chronique du 21 décembre 2010, Lysiane Gagnon me traite de «radical fanatique» et laisse planer l'accusation d'antisémitisme sur ma personne. Quelle action me vaut ce dénigrement? Le fait d'avoir passé une heure à un piquetage organisé par le PAJU (Palestiniens et Juifs unis) devant la boutique de chaussures Le Marcheur.

Dans sa chronique du 21 décembre 2010, Lysiane Gagnon me traite de «radical fanatique» et laisse planer l'accusation d'antisémitisme sur ma personne. Quelle action me vaut ce dénigrement? Le fait d'avoir passé une heure à un piquetage organisé par le PAJU (Palestiniens et Juifs unis) devant la boutique de chaussures Le Marcheur.

Québec solidaire soutient la campagne internationale Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), qui vise à faire pression sur Israël pour qu'il cesse son traitement discriminatoire des Palestiniens. Sur cette question, Israël est critiqué par l'ONU, Amnistie internationale, Human Rights Watch et de nombreux récipiendaires du Nobel de la paix dont Nelson Mandela, que l'on ne pourrait taxer de fanatisme ou d'antisémitisme.

Notre approche pour la campagne BDS a toujours été de prôner le boycott des produits et la sensibilisation. En effet, comme Françoise David et moi l'avons fait devant une succursale de la SAQ, il s'agit de boycotter les produits israéliens et non les marchands. On cherche à convaincre ces derniers de la justesse et de l'utilité de ce boycott. C'est dans cet esprit que j'ai tenté en vain de communiquer avec le propriétaire du Marcheur pour l'inciter à cesser de vendre des souliers fabriqués en Israël. Mon intention n'était pas d'encourager le boycott de ce commerçant et j'espère que tout malentendu sera définitivement dissipé bientôt, quand le PAJU aura réévalué son action et sa démarche, comme il compte le faire prochainement.

Je comprends très bien les critiques des positions de Québec solidaire ou la remise en question de ma présence à un tel rassemblement. Vive la démocratie. Mais je ne peux accepter d'être accusé de ce que je ne suis pas : un fanatique motivé par la haine d'un groupe ethnique.

En 30 ans d'implications sociale et politique j'ai participé à des centaines de rassemblements, de pétitions, de campagnes et de piquetages pour défendre la démocratie et les droits humains partout dans le monde. Depuis 1980, je milite contre la dictature religieuse en Iran. J'ai pris la parole et passé de nombreuses motions à l'Assemblée nationale à ce sujet. On ne m'a jamais accusé d'être un anti-iranien ou un fanatique pour cela. En appui à la mère de Nathalie Morin, je dénonce depuis deux ans la séquestration de Nathalie et de ses enfants en Arabie Saoudite par un mari abuseur qui s'appuie sur la charia islamique pour perpétrer son abus. Personne ne m'accuse pourtant d'anti-islamisme.

Alors pourquoi mes interventions pour critiquer les violences pratiquées par l'armée et le pouvoir en Israël me valent-elles le qualificatif de «fanatique», avec les images terribles qu'évoque ce terme? Desmond Tutu, compagnon de Mandela, et Jimmy Carter, l'ex-président américain, seraient-ils devenus fanatiques parce qu'ils qualifient la situation vécue par les palestiniens d'apartheid? Le professeur Stephen Scheinberg, ancien dirigeant du B'nai Brith, confiait  à la revue L'Actualité sa désapprobation envers les tactiques de ceux qui repoussent toute critique d'Israël: utilisation sélective des faits, atteinte à la réputation et culpabilité par association. «Je suis juif et sioniste, expliquait-il. Mais un sioniste n'est pas tenu de soutenir toutes les  politiques et actions du gouvernement d'Israël.»

Québec solidaire souhaite une résolution pacifique du conflit israélo-palestinien, dans la justice et l'équité pour les deux peuples. Nous invitons les commerçants à  appuyer la campagne BDS en manifestant leur intention de ne pas vendre de produits israéliens. Dans la lutte contre l'apartheid, le boycott du commerce  avec l'Afrique du Sud a forcé ce pays à s'améliorer. Souhaitons qu'Israël retienne l'exemple.

Réponse de Lysiane Gagnon: Le prêche habituel

Contrairement à ce qu'il affirme, je n'ai jamais accusé M. Khadir d'«antisémitisme», encore moins d'être animé par une «haine ethnique». Je l'ai par contre qualifié de fanatique, ce qui est rigoureusement exact si l'on se rapporte aux dictionnaires, lesquels, du Larousse au Robert en passant par le Multidico, définissent le fanatisme comme « un zèle » «outré», «aveugle» ou «excessif», voire simplement (cf le Littré) «passionné» (en faveur d'une cause, d'une idéologie, etc).

Par ailleurs, le fait que M. Khadir soit «radical» dans ses engagements et que son antisionisme ait une dimension «obsessionnelle» est bien documenté, M. Khadir étant un personnage public. Je n'ai rien inventé, on n'a qu'à consulter les archives des médias.

M. Khadir nous ressert son prêche habituel sur l'«apartheid» israélien mais ce faisant, il passe complètement à côté du sujet de ma chronique, qui était la participation d'un député à une opération de boycottage d'un petit commerce de son propre comté. Selon ce que l'on comprend de sa lettre, il semble trouver cela légitime. Ce n'est pas mon opinion ni celle de très nombreux lecteurs.