La fusillade en Arizona a provoqué la consternation partout aux États-Unis et particulièrement auprès de la classe politique. Six morts, dont un juge réputé et une fillette de 9 ans, née le 11 septembre 2001, ainsi que 14 blessés, dont la représentante démocrate Gabrielle Giffords. Cet attentat nous rappelle combien la violence est encore présente dans la société américaine. Elle nous rappelle aussi, bien sûr, à quel point la vie est chose fragile.

La fusillade en Arizona a provoqué la consternation partout aux États-Unis et particulièrement auprès de la classe politique. Six morts, dont un juge réputé et une fillette de 9 ans, née le 11 septembre 2001, ainsi que 14 blessés, dont la représentante démocrate Gabrielle Giffords. Cet attentat nous rappelle combien la violence est encore présente dans la société américaine. Elle nous rappelle aussi, bien sûr, à quel point la vie est chose fragile.

Depuis samedi, analystes et politiciens tentent d'expliquer cet acte commis par un jeune homme solitaire de 22 ans. Les discussions portent sur le contrôle des armes à feu, la sécurité des élus et l'extrême partisanerie associée au débat politique. C'est la même chose chaque fois que survient un tel drame aux États-Unis, mais rien ne change. Malgré les tueries récentes sur les campus universitaires, les deux grands partis politiques s'accommodent du deuxième amendement de la Constitution qui permet le port d'armes à feu. Les plus récents jugements de la Cour suprême ont même diminué l'enthousiasme de ceux qui luttent pour un accès plus difficile aux armes. Il serait donc étonnant que la tragédie en Arizona amène les élus à agir dans ce sens.

Quant à la sécurité des élus, les tendances se dessinent déjà. Si certains d'entre eux reconnaissent la nécessité de mesures de sécurité accrues lorsqu'ils prennent part à des rassemblements, plusieurs ne veulent pas créer trop de barrières entre eux et leurs électeurs. Comme les représentants sont élus à tous les deux ans, la plupart sont en campagne électorale continuelle. On peut s'attendre tout de même à quelques mesures modestes. Mais celles-ci ne créeront pas un filet de sécurité capable d'empêcher un attentat comme celui de Tucson.

Dans les prochaines semaines, le débat portera surtout sur le climat politique particulièrement orageux qui règne depuis plusieurs années aux États-Unis. Le rôle des chaînes d'information partisanes, comme les réseaux Fox News et MSNBC, l'univers de l'internet, les groupes d'intérêts et le présence accrue de l'argent dans les campagnes électorales seront montrés du doigt comme contribuant aux excès verbaux, à la polarisation et au mépris. Déjà, la droite américaine nous rappelle les caricatures «méprisantes» anti-Bush au cours de son mandat, tandis que la gauche ramène les propos «excessifs» de l'ancienne gouverneure de l'Alaska, Sarah Palin.

Dans un premier temps, on peut s'attendre à un appel à une plus grande civilité dans le débat public. Le président Obama et le nouveau président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, ont tenu sensiblement le même discours à la suite de la tuerie, cherchant à rassembler le peuple américain dans ce moment de profonde tristesse. Souhaitons que leurs paroles, de même que les efforts de bi-partisanerie consentis à la fin de la session de décembre dernier, auront des suites dans les prochains mois. Et cela même si s'installe un nouveau Congrès comptant parmi ses membres des représentants du très populiste Tea Party. Très bientôt, le cycle des présidentielles débutera. Nous verrons alors si les gestes sont fidèles aux bonnes intentions exprimées.

Samedi prochain, les Américains vont commémorer l'oeuvre du pasteur Martin Luther King. Ce grand apôtre de la non-violence et de la paix a traversé des moments de grande polarisation et d'affrontements dans sa lutte pour une Amérique plus égale et plus juste. Il est lui-même tombé sous les balles d'un tireur. Pourtant, au cours de son périple politique, Luther King a su démontrer du respect pour ses adversaires. Même s'il n'a pas vécu longtemps, son oeuvre a fait son chemin. Son héritage réside dans sa foi en des mouvements de résistance non violents et dans sa confiance au pouvoir des mots.

Cette semaine, la classe politique nous rappellera les propos rassembleurs de King: «I have a dream.» (J'ai un rêve.) À la suite de la tragédie de Tucson, on verra si ces politiciens ont vraiment appris de la philosophie du célèbre pasteur.