Ce ne sont pas seulement les conditions de travail des psychologues du secteur public qui se sont détériorées au cours des dernières années (La Presse, 11 janvier), mais celles de bon nombre de professionnels, en particulier dans le milieu de l'éducation. En plus des psychologues, les orthophonistes, les psychoéducateurs et les conseillers en orientation, notamment, se tournent de plus en plus vers le privé, au détriment des élèves en difficulté.

Ce ne sont pas seulement les conditions de travail des psychologues du secteur public qui se sont détériorées au cours des dernières années (La Presse, 11 janvier), mais celles de bon nombre de professionnels, en particulier dans le milieu de l'éducation. En plus des psychologues, les orthophonistes, les psychoéducateurs et les conseillers en orientation, notamment, se tournent de plus en plus vers le privé, au détriment des élèves en difficulté.

C'est que les écoles du Québec sont littéralement embourbées dans un cercle vicieux. Les professionnels qui interviennent directement auprès des élèves sont si peu nombreux qu'ils ont à peine assez de temps pour s'occuper des cas les plus lourds. Ils doivent souvent se résigner à délaisser les autres. Malheureusement, les problèmes, en principe plus légers des élèves placés sur des listes d'attente, finissent également par devenir complexes, puisqu'ils s'aggravent en l'absence d'intervention. Ils allongent alors d'autant la liste des cas prioritaires et urgents.

À l'ampleur de la tâche vient s'ajouter un irritant majeur pour plusieurs professionnels: plus de la moitié d'entre eux doivent se déplacer dans plus d'une école, jusqu'à 15 écoles pour certains, afin de servir les élèves de leur territoire. Cette obligation représente une perte de temps en déplacement et complique d'autant plus leur capacité à accomplir leur travail correctement.

Lors d'une consultation réalisée en 2009, un grand nombre de professionnels avouaient d'ailleurs avoir l'impression de ne jamais arriver au bout de la tâche à accomplir et ressentir un fort sentiment d'impuissance.

Or, il y a quelques jours, la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) s'alarmait du taux d'absentéisme qui s'élève à 3,12%, notamment chez le personnel professionnel. Selon elle, près de 50% de ces absences sont causées par des problèmes de santé mentale, comme l'épuisement professionnel, la dépression ou l'anxiété. Elle réclame une étude au ministère de l'Éducation pour en déterminer les causes.

Dans le contexte actuel, faut-il chercher bien loin pour expliquer la fatigue du personnel professionnel qui oeuvre au public? Faut-il s'étonner que le peu de postes professionnels affichés dans les commissions scolaires ne trouvent pas toujours preneur, quand le secteur privé et même celui de la santé offrent des conditions de travail nettement plus avantageuses au plan humain?

Quand même les commissions scolaires réfèrent leurs élèves à des firmes de consultation privées alors qu'elles devraient leur offrir gratuitement les services professionnels dont ils ont besoin?

L'insuffisance de ressources, le fait de travailler constamment dans l'urgence, l'incapacité à répondre aux besoins des très nombreux élèves en difficulté et la multiplication des lieux de travail sont autant d'éléments qui contribuent à la détérioration des conditions de travail des professionnels de l'éducation et qui engendrent des difficultés majeures pour les commissions scolaires qui peinent à les attirer et à les retenir. Les grands perdants sont les élèves en difficulté qui ne reçoivent pas les services professionnels auxquels ils ont pourtant droit.

Le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport a déjà trop tardé à améliorer les conditions de travail des professionnels et à investir afin d'augmenter le nombre d'entre eux dans les écoles et ainsi venir prêter main-forte à ceux qui y oeuvrent déjà et qui ne suffisent plus à la tâche. Le temps est venu de renverser la vapeur. C'est urgent!