Lors de sa visite aux États-Unis, le président chinois, Hu Jintao, va discuter avec Barack Obama de sujets tels que la Corée du Nord, Taïwan, la réévaluation du yuan, la sécurité mondiale ou les transferts de technologie. À la fin de sa visite, les communiqués officiels devraient conclure à la relance de la coopération entre les deux pays, au partage de points de vue similaires sur plusieurs grands dossiers. On voudra montrer que la Chine et les États-Unis ne sont pas en train de devenir des ennemis, mais qu'au contraire, ils pourraient être les meilleurs amis au monde.

Lors de sa visite aux États-Unis, le président chinois, Hu Jintao, va discuter avec Barack Obama de sujets tels que la Corée du Nord, Taïwan, la réévaluation du yuan, la sécurité mondiale ou les transferts de technologie. À la fin de sa visite, les communiqués officiels devraient conclure à la relance de la coopération entre les deux pays, au partage de points de vue similaires sur plusieurs grands dossiers. On voudra montrer que la Chine et les États-Unis ne sont pas en train de devenir des ennemis, mais qu'au contraire, ils pourraient être les meilleurs amis au monde.

Au-delà de cette rhétorique attendue, la visite du président chinois est symboliquement inquiétante. Zbigniew Brzezinski, qui fut conseiller à la sécurité nationale sous Jimmy Carter, ne s'y est pas trompé. Dans un article récent du New York Times, il appelle à la bonne entente entre les deux pays, et surtout, il met en garde les dirigeants chinois contre tout triomphalisme. Mais triomphalisme de quoi? Un bref retour historique aide à saisir l'angoisse de l'ex-conseiller.

Lorsque Deng Xiaoping se rend en visite officielle aux États-Unis en 1979, la Chine est au bord de l'éclatement. Les usines chinoises sont vétustes, la production agricole décline, alors que la population augmente, et la Révolution culturelle a semé des divisions politiques qui semblent presque insurmontables. Les dirigeants chinois comptent sur les États-Unis pour les aider à moderniser tous les secteurs de leur économie.

À l'époque, les États-Unis sont encore au sommet de leur puissance. Ils contrôlent les principales organisations internationales, leur armée est la meilleure monde, leur économie représente environ 30% de l'économie mondiale. La perspective de pénétrer le marché chinois fait rêver bien des entreprises et les autorités américaines sont convaincues que le commerce pacifiera et démocratisera la Chine. Et puis, la Chine constitue un formidable allié contre l'URSS...

En 2011, la situation s'est presque inversée. Certes, l'économie américaine n'est pas délabrée comme l'était celle de la Chine des années 70 et l'armée américaine est encore la plus puissante au monde.

Pourtant, la Chine du président Hu Jintao est en pleine expansion, alors que les États-Unis de Barack Obama semblent en déclin. La Chine détient près de 30% des bons du Trésor américains. Elle est la première puissance exportatrice au monde, avec plus de 10% des exportations mondiales, tandis que les États-Unis occupent le troisième rang, avec près de 8% des exportations. Mieux, la Chine est le plus grand exportateur de produits de haute technologie, avec 20% du total mondial.

Il y a 30 ans, la taille de l'économie chinoise n'équivalait qu'à un petit pourcentage de l'économie américaine. En 2011, en tenant compte du taux de change réel, elle atteint plus de 50% de la taille de l'économie des États-Unis. Étant donné son taux de croissance de 10% par an, l'économie de la Chine devrait dépasser l'économie américaine dans quelques années.

Les dépenses de l'armée américaine en pourcentage du PNB approchent des niveaux du temps de la guerre du Vietnam. Les États-Unis manquent d'argent pour jouer les gendarmes dans le monde. Il est probable que Barack Obama voudra inciter la Chine à prendre des responsabilités militaires à la hauteur de sa nouvelle puissance, au Moyen-Orient par exemple. Or, l'armée chinoise se modernise au point où le Pentagone entrevoit la possibilité de perdre son avantage technologique sur les forces chinoises. Si Hu Jintao accepte une telle proposition d'Obama, la capacité militaire de la Chine se renforcera encore plus.

Brzezinski a raison de s'inquiéter du triomphe de la Chine. Aujourd'hui, ce sont les États-Unis qui demandent le soutien de la Chine en économie et en sécurité internationale. Ce sont les entreprises chinoises qui rêvent de pénétrer davantage le formidable marché américain.

Le véritable enjeu des discussions sera de tenter d'établir un nouvel équilibre entre une Chine impatiente d'occuper son nouveau rang international et les États-Unis qui ne comprennent pas très bien ce qui est en train de se produire, ni pourquoi il en est ainsi.

Il y a 30 ans, la Chine de Deng Xiaoping émergeait à peine d'une période de luttes idéologiques vaines et déchirantes. Ironiquement, les États-Unis de 2011, avec entre autres le Tea Party, donnent l'impression de s'engager dans la voie du fondamentalisme politique. Les États-Unis, comme la Chine, n'ont qu'eux-mêmes comme pire ennemi, ou comme meilleur ami.