Alors même que le Salon de l'auto bat son plein, l'électrification des transports est présentée comme la solution parfaite pour que le Québec se «libère» du pétrole. La voiture électrique est annoncée comme une révolution que le Québec devrait enclencher, parce qu'il a tant d'hydroélectricité qu'il serait absurde de ne pas la faire.

Alors même que le Salon de l'auto bat son plein, l'électrification des transports est présentée comme la solution parfaite pour que le Québec se «libère» du pétrole. La voiture électrique est annoncée comme une révolution que le Québec devrait enclencher, parce qu'il a tant d'hydroélectricité qu'il serait absurde de ne pas la faire.

Malheureusement, ce dont les enthousiastes ne discutent pas, ce sont des coûts d'un tel virage, de la réalité du marché de l'automobile actuel et des moyens les plus efficaces pour atteindre les objectifs déclarés: réduire les gaz à effet de serre (GES) et notre dépendance au pétrole.

Toutes les personnes qui ont regardé de près les technologies des véhicules électriques savent que les batteries électriques constituent l'obstacle majeur à leur déploiement. Malgré les progrès technologiques à venir, il est tout à fait improbable que, d'ici 10 ou 20 ans, nous ayons à notre disposition des batteries électriques qui soient suffisamment abordables pour rendre les véhicules électriques équivalents à ceux auxquels nous avons accès aujourd'hui.

Cela rendra pratiquement les véhicules automobiles électriques au moins 10 000$ plus chers l'unité, sans compter les investissements de recharge. Alors que tous les économistes sont préoccupés par le niveau d'endettement des ménages et des gouvernements, comment peut-on penser que les acheteurs pourront payer une telle somme, ou que les gouvernements pourront subventionner ces dépenses supplémentaires?

Si la demande reste axée sur les grosses voitures et les camions légers, comme c'est maintenant le cas, le surcoût des batteries sera d'autant plus grand que ces véhicules sont lourds et puissants.

Le second problème majeur de l'automobile électrique est son fonctionnement silencieux, dans un rayon d'action plus restreint, avec davantage de contraintes de recharge. Presque tout le contraire de la représentation traditionnelle de l'auto dans notre société. Dans cette représentation, l'auto est un symbole de la liberté et elle fait «vroum-vroum» (certaines personnes modifient même leur véhicule pour qu'il fasse plus de bruit). Il doit nous permettre de nous enfuir ailleurs, sans attache... telle qu'une prise de courant qui immobilise pendant des heures (le temps de la recharge des batteries).

Toute la publicité automobile est basée sur ces images de grandes découvertes sans contrainte... exactement ce que le véhicule électrique ne pourra pas offrir avant longtemps.

Aucun constructeur automobile ne pense être profitable avec ses véhicules électriques avant longtemps - les dépenses dans ce domaine sont essentiellement du marketing et de la R&D. Pour qu'une nouvelle technologie soit un succès au-delà de quelques convaincus, il faut qu'elle coûte moins cher et offre un service amélioré... exactement l'inverse que propose la voiture électrique.

Bien qu'effectivement, un parc automobile électrique diminuerait les émissions de GES, cela ne réglerait en rien tous les autres problèmes liés à l'usage actuel de l'automobile: l'étalement urbain, le coût des infrastructures, la congestion routière et les accidents de la route.

De plus en plus de personnes réalisent que pour réduire notre empreinte écologique, c'est la ville elle-même qu'il faut repenser: plus compact, avec des services de transports collectifs efficaces. Dans ces villes renouvelées, l'automobile aura une place bien moindre.

La transition la moins chère vers ces villes plus productives et surtout plus humaines, c'est tout simplement d'instaurer des incitatifs fiscaux pour promouvoir les véhicules les plus efficaces - comme des taxes sur le poids et le volume des véhicules - et d'investir les sommes recueillies dans l'amélioration du transport collectif, pour qu'il assure une plus grande mobilité au plus grand nombre. Ces véhicules efficaces existent déjà: ils s'appellent Chevrolet Cruz, Toyota Yaris, Hyundai Accent, Ford Focus et le choix ne s'arrête pas là.

L'électrification nous coûterait plus d'argent, que nous n'avons d'ailleurs pas, et nous rendrait encore plus inaptes à modifier nos villes, si jamais nous faisions l'erreur d'installer des infrastructures individuelles de recharge.

En étant plus malins, nous pouvons réussir à réduire notre consommation de pétrole, épargner davantage et augmenter autant notre qualité de vie que notre productivité.