La visite du président chinois aux États-Unis a mis en présence les chefs d'État des deux plus grandes puissances économiques mondiales, puisque la Chine a, l'année dernière, dépassé le Japon.

La visite du président chinois aux États-Unis a mis en présence les chefs d'État des deux plus grandes puissances économiques mondiales, puisque la Chine a, l'année dernière, dépassé le Japon.

Les États-Unis conservent une confortable avance: ils représentent, en 2010, 24% du produit intérieur brut (PIB) mondial, trois fois plus que la Chine (8%), mais leur domination économique s'effrite peu à peu alors que la Chine est en ascension rapide.

La taille économique de la Chine pourrait dépasser celle des États-Unis avant 20 ans. D'ores et déjà, elle exerce une forte attraction économique en Asie et dans le monde. Elle est le premier exportateur mondial (devant l'Allemagne), elle développe sa présence financière à travers des investissements internationaux et des prêts aux États (elle est ainsi le premier créancier du Trésor américain). Ses besoins en énergie et en matières premières la poussent à étendre son influence économique et politique, notamment en Afrique.

Enfin, ses moyens lui permettent de financer un accroissement rapide de ses dépenses militaires et la modernisation de son armée, même si elle est loin, dans ce domaine aussi, d'avoir rattrapé les États-Unis.

C'est finalement la première fois que les États-Unis sont confrontés à la perspective d'une remise en question de leur domination globale, non seulement économique mais politique.

L'Union soviétique, à l'époque de la Guerre froide, était le rival stratégique et militaire des États-Unis, mais sa zone d'influence économique ne dépassait guère le «rideau de fer» en Europe, et quelques États alliés dans le tiers-monde (Cuba). L'Union soviétique s'est épuisée dans une course aux armements pour tenter de maintenir la parité militaire avec les États-Unis.

Le Japon, au zénith de son ascension économique, au début des années 90, pesait plus lourd que la Chine actuellement (en 1993, il faisait 18% du PIB mondial) et il était beaucoup plus près de rattraper les États-Unis que la Chine ne l'est actuellement. En prolongeant les courbes, on pouvait alors prédire qu'il dépasserait les États-Unis en 2010! Mais, le Japon n'était pas une grande puissance militaire et il était politiquement dans l'orbite des États-Unis.

La Chine a certes l'avantage du nombre (1,3 milliard d'habitants). En outre, à la différence du Japon, elle peut prétendre à tous les attributs de la puissance. Elle a fait son retour sur la scène internationale en retrouvant son siège au Conseil de sécurité de l'ONU en 1971. Depuis 1978, ses dirigeants ont fait de la modernisation de l'économie un moyen pour remettre le pays au rang des grandes puissances mondiales, tout en assurant la pérennité du régime communiste, et ils y ont jusqu'ici réussi. Les États-Unis sont confrontés à une situation inédite.

Pour la Chine, le jeu n'est pas gagné d'avance. Elle aborde une nouvelle étape de son développement, marquée par le vieillissement de sa population et des transformations sociales d'une ampleur sans précédent (comme son urbanisation). Elle doit aussi faire accepter sa présence et son influence croissantes dans le monde et désamorcer les craintes qu'elles suscitent.