La volonté d'une douzaine de travailleurs d'un dépanneur montréalais de la bannière Couche-Tard de former un premier syndicat a fait couler beaucoup d'encre (NDLR: voir notamment l'opinion de Pierre-Yves McSween intitulée «La première chance», publiée dans La Presse de samedi dernier). Quelques commentateurs de l'actualité ont reproché à la CSN de les appuyer dans cette démarche sous prétexte que ces emplois devraient, selon eux, demeurer des emplois précaires, sous-payés, sans aucune condition de travail pour les salariés.

La volonté d'une douzaine de travailleurs d'un dépanneur montréalais de la bannière Couche-Tard de former un premier syndicat a fait couler beaucoup d'encre (NDLR: voir notamment l'opinion de Pierre-Yves McSween intitulée «La première chance», publiée dans La Presse de samedi dernier). Quelques commentateurs de l'actualité ont reproché à la CSN de les appuyer dans cette démarche sous prétexte que ces emplois devraient, selon eux, demeurer des emplois précaires, sous-payés, sans aucune condition de travail pour les salariés.

À la CSN, nous combattons cette vision de la société selon laquelle le marché devrait à lui seul dicter les conditions de vie et de travail de tout un peuple, alors qu'au contraire - toute notre histoire le montre éloquemment -, la syndicalisation s'avère l'outil le plus puissant que peuvent se donner les travailleurs pour améliorer leur condition. C'est ce principe, qui nous est si cher, qui nous convainc de soutenir ces employés, et sûrement pas la possibilité pour la centrale de s'enrichir avec leurs cotisations syndicales, comme certains l'ont malicieusement prétendu.

Il ne faut pas croire que la CSN a fait miroiter à ces salariés une victoire facile et des gains spectaculaires. Au contraire, nous leur avons présenté la situation le plus réalistement possible et c'est en toute connaissance de cause que ces employés ont opté pour le respect. Parce que c'est bien ce dont il s'agit, de respect.

Le respect, ce sont des horaires établis quelques jours à l'avance; c'est aussi la possibilité de prendre un congé de maladie sans risquer le congédiement; c'est enfin la possibilité de négocier, et non de se faire imposer, ses conditions de travail.

Or, le droit au respect n'a pas d'âge. Il n'a pas non plus de diplôme, ni de statut social. En clair, tout le monde mérite le respect. Et quand des salariés cognent à la porte de la CSN pour le défendre, c'est ce principe qui nous guide. Enfin, lorsque nous répondons positivement, c'est que nous croyons que la conjoncture et les conditions économiques leur permettent d'espérer améliorer leur sort.

En soi, la syndicalisation permettra de relever les conditions de travail. Ces emplois demeureront toujours des emplois accessibles et, probablement, un bon vivier de «premières chances». Cela étant dit, ces emplois sont aussi occupés par des personnes qui n'ont pas d'autres possibilités de travail immédiates et dont c'est la seule source de revenus. Parmi la douzaine de courageux du Couche-Tard, situé au coin Jean-Talon et Iberville, quelques familles dépendent de ces emplois au salaire minimum, inférieur au seuil de faible revenu.

Or, c'est bien le laisser-faire économique qui a entraîné la perte de bons emplois et la prolifération d'emplois à temps partiel, sur appel, occasionnels et de faux autonomes. Et c'est la syndicalisation qui permet à ces travailleurs d'améliorer leur sort et de contribuer, eux aussi, à la santé économique de notre pays. Comme elle l'a permis, auparavant, aux travailleurs des marchés d'alimentation, de l'hôtellerie, ou encore récemment, aux responsables de services de garde. Autant d'exemples de travailleurs à qui, en leur temps, on refusait le respect et l'amélioration des conditions de travail au profit de la main invisible du marché.

* L'auteur est vice-président de la CSN, responsable de la syndicalisation.