Y aura-t-il une intervention militaire en Côte d'Ivoire afin de déloger Laurent Gbagbo du fauteuil présidentiel? On le saura dans les prochains jours si les présidents Barack Obama et Nicolas Sarkozy donnent leur appui aux pays de la région pour passer à l'acte. En attendant, le Nigeria est prêt à y aller.

Y aura-t-il une intervention militaire en Côte d'Ivoire afin de déloger Laurent Gbagbo du fauteuil présidentiel? On le saura dans les prochains jours si les présidents Barack Obama et Nicolas Sarkozy donnent leur appui aux pays de la région pour passer à l'acte. En attendant, le Nigeria est prêt à y aller.

La situation actuelle en Côte d'Ivoire soulève deux enjeux de taille pour la communauté internationale et, plus particulièrement, pour les Africains : le respect des principes démocratiques et l'usage de la force pour les faire appliquer. Ces enjeux viennent d'être bien articulés par le ministre nigérian des Affaires étrangères dans un texte publié il a quelques jours. Le Nigeria ne fait plus mystère d'être à la pointe du combat contre le régime de Laurent Gbagbo. Puissance régionale, sinon continentale, il entend exercer un leadership sur cette question même au risque de déclencher une guerre. Le ministre nigérian en est bien conscient, mais, écrit-il, il en va du développement démocratique de l'Afrique.

En effet, au cours des 18 prochains mois, une vingtaine d'élections présidentielles se dérouleront en Afrique, redonnant ainsi un lustre particulier à un des éléments clés de tout processus démocratique. Pour le ministre nigérian, le respect des règles démocratiques en Côte d'Ivoire a donc valeur de symbole pour tout le continent, et le départ de Gbagbo est un impératif. Si l'on veut, écrit-il, «préserver et approfondir la culture démocratique en pleine croissance sur le continent, il ne peut pas, il ne doit pas être autorisé à l'emporter». Pour le ministre, il est clair que la crise politique en Côte d'Ivoire «est susceptible de perturber le chemin vers la démocratie et de créer un dangereux précédent» sur le continent.

Maintenant, le défi est de trouver une façon de résoudre la crise sans que la situation ne dégénère. Le recours à la force est une option à considérer sérieusement, écrit le ministre, même s'il doit être vu comme le dernier choix. En fait, la chose est si grave qu'elle nécessite un appui international sans équivoque. D'où son appel au Conseil de sécurité pour qu'il adopte «une résolution spécifique pour valider l'usage de la force». Cela aura un effet dissuasif sur Gbagbo, car il faut qu'il «comprenne qu'il y a une perspective très réelle qu'une force militaire massive lui tombe dessus. C'est seulement à ce moment qu'il prendra sérieusement en considération les exigences de son départ», écrit le ministre.

Le ministre n'a pas tort, mais on est en droit de se demander si l'option militaire ne fera pas plus de mal que de bien. Avant de considérer l'usage de la force, il faut bien en peser les conséquences. Si l'action militaire en Sierra Leone et au Kosovo a libéré des peuples, l'intervention en Irak fait toujours des dizaines de morts par jour. Certes, la Côte d'Ivoire n'est pas l'Irak.

Pour le ministre, la messe est dite, et il invoque l'appui de l'ONU, de l'Europe et de l'Union africaine au président élu Alassane Ouattara pour agir. Mais déjà, ce front se fissure. Au Conseil de sécurité, la Russie, l'Afrique du Sud, le Brésil et l'Inde pourraient s'opposer. En Afrique, une dizaine de pays sur 53 rejettent le recours à la force. Plus la crise s'éternise, plus les oppositions vont se multiplier.

C'est dans ce contexte que plusieurs leaders africains anti-Gbagbo ont rencontré mardi le président Obama afin de discuter des options possibles. Et toute l'Afrique aura aussi l'occasion de faire entendre son point de vue sur la situation lors du sommet des chefs d'État de l'Union africaine en Éthiopie dimanche et lundi en présence du président Sarkozy.

Ouattara devrait y être, et tout indique qu'une poignée de main publique entre lui et le président français alimentera la paranoïa qui règne à Abidjan.