Il est difficile de ne pas comparer les événements qui se déroulent actuellement en Égypte avec ceux de la Russie de 1915-1916, qui a assisté, impuissante, à une véritable désintégration de l'État, sur les plans administratif, économique et social.

Il est difficile de ne pas comparer les événements qui se déroulent actuellement en Égypte avec ceux de la Russie de 1915-1916, qui a assisté, impuissante, à une véritable désintégration de l'État, sur les plans administratif, économique et social.

Dans les deux cas, une opposition grandissante a vu le jour, avec comme objectif de se «débarrasser» du gouvernement et de mettre en place un régime parlementaire. Dans les deux cas, un vaste mouvement «révolutionnaire» s'est emparé des masses populaires accablées par des difficultés matérielles.

Or, dans la Russie de l'époque, le mouvement révolutionnaire a fait tache d'huile en Allemagne, en Bavière, puis en Hongrie, avec de vastes mouvements de grève et des émeutes en France et en Italie, encouragés par l'élan ouvrier. Et au final, malgré une «défaite» de cette révolution, un nouvel ordre a pu se mettre en place: un nouvel ordre fondé sur la démocratie et le respect des peuples (avec toutes ses limitations, bien entendu).

L'histoire nous enseigne que des régimes autoritaires ou semi-autoritaires se sont aussi installés un peu partout en Europe après parfois des courtes expériences de démocratie parlementaire.

Assisterons-nous à des événements semblables avec le mouvement qui se dessine en Égypte? Est-ce que l'exemple de la «révolution» égyptienne encouragera le monde arabe à changer sa destinée, à se tourner, à son tour, vers la démocratie, ou, au contraire, s'il fera le choix de s'enfermer dans des régimes au vase encore plus clos?

Le monde arabe entre dans une période cruciale de son histoire, une étape qui changera sa destinée. Et si le passé est garant du futur, gageons que la démocratie ne sera pas nécessairement la conclusion de cette histoire.

Pour que cette démocratie arrive à grandir, il faut d'abord une volonté des dirigeants au pouvoir, une volonté réelle de changement (ce qui implique l'abandon des acquis des riches au profit des pauvres, difficile à réaliser). Mais il faut également permettre le développement d'une classe moyenne qui saura mener à bien ces pays vers une économie moderne. Et ça, seul l'avenir nous le dira. Comme disait Raymond Aron, «ce sont les hommes qui écrivent l'histoire, mais ils ne savent pas l'histoire qu'ils écrivent». Bonne chance.