Depuis le début de la grève des procureurs de la Couronne, on entend des commentaires sur les retards qu'entraînera cet arrêt de travail, et sur les impacts de tels délais pour les victimes d'actes criminels.  

Depuis le début de la grève des procureurs de la Couronne, on entend des commentaires sur les retards qu'entraînera cet arrêt de travail, et sur les impacts de tels délais pour les victimes d'actes criminels.  

Depuis plus de 20 ans, les intervenantes des maisons d'aide et d'hébergement encouragent les femmes victimes de violence conjugale à porter plainte, à demander l'intervention du système de justice pour avoir plus de protection. Jour après jour, elles accompagnent des femmes dans ces démarches. Elles sont à même de constater que les revendications actuelles des procureurs sont importantes et justifiées.  

Le Québec a besoin de plus de procureurs et le système de justice doit être capable de garder dans ses rangs des juristes qui possèdent une expertise dans des domaines aussi complexes que la violence conjugale.

Or, le manque persistant de procureurs nuit chaque jour aux victimes de violence conjugale. Depuis des années, notre organisme souligne l'importance que les procureurs rencontrent rapidement les victimes de violence conjugale pour les informer sur le processus judiciaire et les préparer à témoigner.

Dénoncer son conjoint et témoigner contre lui n'est pas chose simple.  Dans le cadre du Plan d'action gouvernemental 2004-2009 en matière de violence conjugale, le ministère de la Justice s'engageait à installer cette pratique. Six ans plus tard, faute d'effectifs, les victimes ne sont souvent rencontrées que le matin même du procès.

De plus, le nombre insuffisant de procureurs allonge les délais entre une plainte et la tenue du procès. Il n'est pas rare que des victimes de violence conjugale attendent jusqu'à 15 mois avant le début du procès de leur agresseur. Entre-temps, le harcèlement et la violence se poursuivent.Elles ont le sentiment de ne pas être protégées. Leur agresseur comprend qu'il peut continuer en toute impunité. Découragées, plusieurs victimes ne veulent plus témoigner. Et, faute de témoin, les procédures sont abandonnées.

En 20 ans, le nombre de plaintes pour des infractions liées à la violence conjugale est passé de 6000 à 18 000. C'est un pas important, mais cela représenterait moins de 40% des cas. Les délais et le manque de disponibilité des procureurs minent la confiance des victimes dans le système judiciaire.

Au nom des milliers de femmes victimes de violence conjugale, et avec ses 49 maisons membres implantées à la grandeur du Québec, le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale demande au gouvernement de trouver une solution durable à ce conflit de travail.