Chère docteure, je vous concède une chose: nous ne sommes pas de la même génération. Nous vivons aussi en médecine un choc purement générationnel. C'est un fait. À mon tour de vous citer («Vous me faites honte!»): que «la féminisation de la main-d'oeuvre est une réalité»; qu'elles «choisissent... l'équilibre entre le travail et la famille»; vous constatez «leur nombre d'heures de travail réduit»; que «cette réalité est aussi à [la] porte de la médecine spécialisée»; et finalement, vous déplorez que cela ne soit pas encore possible dans des spécialités comme la vôtre. Intéressant!

Chère docteure, je vous concède une chose: nous ne sommes pas de la même génération. Nous vivons aussi en médecine un choc purement générationnel. C'est un fait. À mon tour de vous citer («Vous me faites honte!»): que «la féminisation de la main-d'oeuvre est une réalité»; qu'elles «choisissent... l'équilibre entre le travail et la famille»; vous constatez «leur nombre d'heures de travail réduit»; que «cette réalité est aussi à [la] porte de la médecine spécialisée»; et finalement, vous déplorez que cela ne soit pas encore possible dans des spécialités comme la vôtre. Intéressant!

Encore cette semaine, mon homologue de la Fédération des omnipraticiens affirmait le contraire: les hommes et les femmes travaillent aussi fort, les médecins de famille autant que les spécialistes. Et, de son côté, le ministre Bolduc disait lui-même, en point de presse le 17 février, que les médecins spécialistes travaillent plus que nécessaire. Au moins, vous confirmez mes propos.

Oui, le choix de concilier le travail avec la famille est un choix légitime. Il a aussi de sérieuses conséquences sur la quantité de services publics offerts à la population.

Cela fait 18 mois que l'organisation qui représente nos collègues médecins de famille inonde la société québécoise du constat qu'il en manque. La cause invoquée? Un écart de 55% dans la rémunération entre eux et nous. Or, statistiques à l'appui, cet écart trouve sa source là où vous l'avez vous-même exprimé clairement dans votre lettre: les heures de travail.

Parmi les gens qui liront ces lignes se trouveront des centaines de femmes - et d'hommes - de plus de 50 ans qui auraient voulu concilier leur travail avec leur famille; d'autres, dans la trentaine, qui y arrivent tant bien que mal. Mais absolument personne n'aura réussi - ou même probablement osé demander - à être payé à temps plein pour du travail fait à temps partiel. C'est pourtant ce que demande cette organisation.

En tant que médecin, je trouve la manoeuvre inacceptable. S'il doit y avoir une bataille de l'opinion publique, les médecins, de par leur statut, doivent la gagner par la vérité et non par un quelconque maquillage. C'est plus honorable, me semble-t-il.

La FMSQ et la majorité de ses membres demandent à recevoir une rémunération concurrentielle à celle de leurs collègues du Canada, rien de plus, mais exigent aussi d'avoir les moyens de servir la population adéquatement. La FMSQ s'intéresse à la productivité, car dans bien des secteurs, nous sommes prêts à en faire plus. Pas le même discours, n'est-ce pas?

Tabou et rectitude politique sont du même registre. Faut-il avoir honte (ou faire honte) si on ose en parler? Ici, c'est pour moi une question de principe.

* L'auteur est président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec.