On ne doit pas s'attendre à de grandes surprises dans le prochain budget du gouvernement du Québec qui sera rendu public jeudi. Le gouvernement maintiendra le cap sur la réalisation du cadre financier qu'il s'est donné afin de retrouver l'équilibre budgétaire en 2013-2014.

On ne doit pas s'attendre à de grandes surprises dans le prochain budget du gouvernement du Québec qui sera rendu public jeudi. Le gouvernement maintiendra le cap sur la réalisation du cadre financier qu'il s'est donné afin de retrouver l'équilibre budgétaire en 2013-2014.

Mais ce budget sera un test important pour le gouvernement à deux égards. Il devra convaincre la population de sa volonté ferme de lutter contre les gaspillages et les aberrations mentales encore trop nombreuses (comme celles qui envoient des directeurs d'école en congrès dans un très luxueux hôtel à Hawaï) et faire la démonstration que les engagements pris l'année dernière au chapitre de la croissance des dépenses publiques ont été réalisés.

Le budget sera également un test de crédibilité pour la politique économique du gouvernement du Québec, et particulièrement pour l'idée marquante du Plan Nord, lancée il y a plus de deux ans par le premier ministre et qui est devenue, par la force du discours politique, un des piliers majeurs de cette politique. Ce plan doit pouvoir s'incarner dans une vision. Et la lecture du budget doit nous permettre d'en tracer les pourtours principaux, d'en entrevoir les conditions de réalisation et d'en évaluer les premières mesures.

Les derniers chiffres tirés du rapport mensuel des opérations financières du ministère des Finances nous apprennent que pour la période d'avril à décembre 2010, les dépenses de programmes du gouvernement ont augmenté à un taux de 2,9% par rapport à la même période l'année précédente, soit à l'intérieur du spectre de croissance souhaité dans le cadre financier. Il reste au gouvernement à démontrer que ses décisions de gestion de la dernière année représentent bel et bien les 62% de l'effort de redressement des finances publiques promis en échange de la contribution des citoyens pour les 38% restants.

Le budget doit également exprimer une volonté ferme du gouvernement de resserrer davantage les règles au chapitre de l'utilisation inappropriée, inefficace et parfois choquante et indécente des fonds publics par les ministères et toutes les institutions qui relèvent de l'État, y compris les commissions scolaires dont les frasques trop nombreuses des dernières années sont déconcertantes et choquantes pour les contribuables.

Ce n'est qu'à ce prix que le gouvernement réussira à convaincre les contribuables qu'il est crédible et que les efforts des prochaines années en valent la chandelle.

Le budget doit également être l'occasion de mettre de la chair autour du Plan Nord et pas seulement en étalant quelques mesures spécifiques et isolées à réaliser au nord du 49e parallèle. S'il doit susciter des investissements de plusieurs dizaines de milliards de dollars, nous devons savoir qu'elles seront les voies qui seront empruntées pour le réaliser, et surtout, à quelles conditions. De façon particulière, nous savons déjà que l'énergie et les ressources naturelles dont regorge notre sous-sol constitueront le levier principal de cette vaste offensive.

Il y a aussi la certitude que nous devrons compter sur l'expertise et l'apport des capitaux étrangers, déjà omniprésents sur le territoire, et particulièrement des capitaux de risque, pour l'exploration du potentiel et ensuite l'exploitation ; un apport essentiel si nous voulons développer de nouvelles filières, créer de la richesse et en profiter comme nation. Mais il nous faut rapidement établir les balises à partir desquelles les investisseurs et les développeurs pourront participer à ce vaste projet.

Il y a quelques semaines, au sujet des grands projets, j'écrivais dans cette chronique qu'il fallait réapprendre à dire «oui, mais à nos conditions». Je le réaffirme. Mais encore faudrait-il que ces conditions soient clairement définies, stables et prévisibles, attrayantes pour les investisseurs et payantes pour les Québécois. Et c'est encore plus vrai lorsque nous avons l'ambition, comme l'a mentionné le premier ministre dans son discours inaugural, d'«ouvrir les voies de l'avenir» et de faire du Québec «une force d'attraction».