Le scénario est simple et se répète un peu trop souvent: un de mes trois lionceaux commence une fièvre qui se fait insistante pendant plusieurs jours, il se tient une oreille à deux mains et il devient étonnamment calme, preuve que la forme n'est pas au rendez-vous. Ou encore, il s'agit de papa lion ou de moi-même, tous deux fragiles aux infections de la gorge, qui se réveille un matin avec la désagréable sensation d'avoir avalé une balle de golf, des ganglions enflés et douloureux ainsi qu'une timide fièvre qui nous engourdit.

Le scénario est simple et se répète un peu trop souvent: un de mes trois lionceaux commence une fièvre qui se fait insistante pendant plusieurs jours, il se tient une oreille à deux mains et il devient étonnamment calme, preuve que la forme n'est pas au rendez-vous. Ou encore, il s'agit de papa lion ou de moi-même, tous deux fragiles aux infections de la gorge, qui se réveille un matin avec la désagréable sensation d'avoir avalé une balle de golf, des ganglions enflés et douloureux ainsi qu'une timide fièvre qui nous engourdit.

Dans les deux cas, le diagnostic de docteur maman est facile à poser: otite pour le lionceau et infection à streptocoque pour papa lion. Des problèmes de santé mineurs, mais qui requièrent néanmoins une attention médicale et un traitement. Ces conditions n'exigeant pas des soins hospitaliers, la clinique médicale sans rendez-vous devient l'endroit tout désigné afin d'obtenir les soins nécessaires. Mais qui a dit que c'était simple et facile de consulter dans une clinique sans rendez-vous au Québec?

D'abord, il faut s'assurer de tomber malade une nuit précédant un jour ouvrable de semaine de façon à pouvoir se lever avant le soleil afin d'aller faire le pied de grue devant la porte de ladite clinique des heures avant son ouverture dans l'espoir que la charmante réceptionniste vienne galamment ouvrir la porte. S'amorce ensuite une deuxième attente interminable qui précède une brève consultation où deux ou trois questions sont posées, un rapide examen est effectué et la prescription d'un élixir miraculeux est donnée. Finalement, le diagnostic de docteur maman est confirmé et la voie de la guérison est empruntée.

Voici donc que l'Ordre des pharmaciens offre d'élargir les pouvoirs de ses membres afin de leur permettre de traiter certains problèmes de santé mineurs dans le but ultime de soulager le système de santé d'une partie de l'énorme pression déjà exercée sur lui. Il n'en faut pas plus pour que les fédérations d'omnipraticiens et de spécialistes montent aux barricades pour dénoncer cette initiative éhontée.

Loin de se lancer des tomates ou de s'invectiver d'injures, les différents protagonistes se livrent une bataille plutôt civilisée, presque élégante, où on plaide de part et d'autre «l'intérêt et le bien-être du patient». Bien malin celui qui aurait envie de sauter dans la mêlée; ce serait bien gênant de se prétendre contre «l'intérêt et le bien-être du patient».

Je refuse toutefois de croire que des intervenants du milieu médical, bien intentionnés et doués d'un certain jugement, ne pourraient pas élaborer des solutions logiques et intelligentes au problème actuel. Évidemment qu'il faut des balises, des règles de conduite et une certaine forme de surveillance. Mais je demeure convaincue que tout est possible dans la mesure où la pierre angulaire de la réflexion est une réelle volonté de changement, élément qui fait cruellement défaut en ce moment. Je n'ose même pas soulever la question des super-infirmières, autre attrayante alternative, tant la lenteur et la procrastination du gouvernement dans ce dossier me donne envie de pleurer.

Malheureusement, j'ai bien peu d'espoir que des solutions concrètes soient mises en place dans un proche avenir. Preuve de mon pessimisme, je regarde d'un air dubitatif la pancarte annonçant l'ouverture prochaine, près de chez moi, d'une clinique médicale privée promettant rapidité et efficacité. C'est certainement avec dépit et résignation que j'y paierai les droits d'entrée, mais je doute que d'autres choix s'offrent à moi puisque ma famille et moi n'avons plus le temps de faire les frais d'une guerre de clochers dont les soldats sont loin d'être prêts à rendre les armes et à négocier dans l'intérêt du bien-être collectif.