Nous sommes à quelques mois de l'échéance du moratoire sur le terrain de l'île Charron et notre inquiétude est grande. En octobre prochain, faute d'un engagement gouvernemental tenu, il est possible qu'un espace naturel de plus de 24 hectares disparaisse au profit d'un vaste projet immobilier. L'île Charron est la porte d'entrée de l'archipel des Îles-de-Boucherville, seul espace vert encore vierge au milieu du fleuve à proximité de Montréal. Nous ne pouvons laisser se réaliser une telle aberration sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal.  

Nous sommes à quelques mois de l'échéance du moratoire sur le terrain de l'île Charron et notre inquiétude est grande. En octobre prochain, faute d'un engagement gouvernemental tenu, il est possible qu'un espace naturel de plus de 24 hectares disparaisse au profit d'un vaste projet immobilier. L'île Charron est la porte d'entrée de l'archipel des Îles-de-Boucherville, seul espace vert encore vierge au milieu du fleuve à proximité de Montréal. Nous ne pouvons laisser se réaliser une telle aberration sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal.  

Le gouvernement du Québec s'est engagé à acheter ce terrain en 2007 à des fins de conservation publique et à l'annexer au parc national. Il a lui-même décrété à deux reprises une réserve foncière. La deuxième réserve foncière arrive à échéance en octobre 2011 et elle ne peut être renouvelée. Votre ministère a fait une proposition d'achat au promoteur Luc Poirier en octobre 2010. Ce dernier a refusé le montant offert dans une acquisition de gré à gré. Nous vous demandons de poursuivre vos démarches et d'aboutir à une entente d'ici l'automne.

Depuis une trentaine d'années, les citoyens de la région montréalaise se sont clairement exprimés en faveur de la protection de ce terrain et de son annexion au parc adjacent. Grâce à leurs interventions soutenues, plusieurs tentatives de faire disparaître le vert au profit du gris ont été déboutées. Pour preuve de cette mobilisation: une première pétition dénonçait en 1989 un projet de développement et en 2007, une deuxième pétition, signée par 20 000 personnes, était déposée à l'Assemblée nationale par trois députés représentant chacun des partis politiques.

Aujourd'hui, la situation exige une solution définitive. Le nouveau propriétaire qui a acquis le terrain en 2007 pour 6 millions de dollars à Desjardins Sécurité Financière pourra y construire, dès la levée du moratoire et l'obtention de ses permis par la Ville de Longueuil, son projet de condos en bordure du fleuve.

Nous sommes tous convaincus qu'un développement urbain sur l'île Charron aura un impact négatif majeur à plusieurs niveaux: sur la préservation d'un espace boisé qui ne demande qu'à devenir une belle forêt mature; sur l'intégrité écologique du parc national des Îles-de-Boucherville et sur l'ensemble insulaire répertorié comme le plus grand ensemble de milieux humides de la CMM; sur la protection du paysage maritime; sur la congestion autoroutière du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine déjà saturé; sur les coûts liés à la construction d'un nouveau secteur d'habitation isolé des services publics; et sur la disponibilité d'espaces verts publics pour la population métropolitaine.

Ne manquons pas cette occasion de poser un geste cohérent et bénéfique pour toute la collectivité montréalaise et montérégienne. Donnons au parc, l'un des plus fréquentés au Québec et un des plus petits, un meilleur accès, plus d'espace et préservons un écosystème insulaire unique dans la région.

Nous vous demandons, monsieur le ministre, de respecter votre engagement et de prendre tous les moyens nécessaires afin de vous porter acquéreur du terrain de l'île Charron et d'empêcher la minéralisation d'un espace vert que nous aurions tous à regretter amèrement.

* Les signataires sont Patrick Asch, directeur général, Héritage Laurentien; Rémi Arsenault, président, Les Amis du parc national des Îles-de-Boucherville; Geneviève Audet, présidente, Centre d'Information sur l'Environnement de Longueuil; Gérard Beaudet, professeur titulaire, Institut d'urbanisme, Université de Montréal; Claude Beaulac, urbaniste; Claude Béland, président, Mouvement Démocratie et citoyenneté du Québec; Sylvie Bibeau, directrice, Comité de la zone d'intervention prioritaire (ZIP) Jacques-Cartier; Marcel Côté, associé principal et cofondateur de Secor; Coralie Deny, directrice générale, Conseil régional de l'environnement de Montréal; Raphaël Fischler, urbaniste, directeur de l'École d'urbanisme de l'Université McGill; Al Hayek, président, Green Coalition-Coalition Verte; Florence Junca-Adenot, directrice, Forum Urba 2015 DEUT UQAM; Phyllis Lambert, CC GOQ CAL FIRAC, directeur fondateur, président du Conseil des fiduciaires, CCA; Richard Marois, président, Conseil régional de l'environnement de la Montérégie; Karel Mayrand, directeur général, Fondation David Suzuki Québec; Tommy Montpetit, porte-parole, Parc écologique de l'Archipel de Montréal; Owen Rose, président, Centre d'écologie urbaine de Montréal; et

Christian Simard, directeur général, Nature Québec.