On nous promettait une société des loisirs pour les années 2000. C'était la prédiction de moult économistes et charlatans du futur des années 1970. Or, le temps consacré au travail augmente de plus en plus. Adieu «liberté 55»: dorénavant l'heure de la retraite ne sonnera qu'à 70 ou même 75 ans pour plusieurs travailleurs.

On nous promettait une société des loisirs pour les années 2000. C'était la prédiction de moult économistes et charlatans du futur des années 1970. Or, le temps consacré au travail augmente de plus en plus. Adieu «liberté 55»: dorénavant l'heure de la retraite ne sonnera qu'à 70 ou même 75 ans pour plusieurs travailleurs.

Lors du dépôt de son dernier budget, le ministre des Finances, Raymond Bachand, laissait planer le spectre que la caisse de la Régie des rentes du Québec pourrait être à sec dans une trentaine d'années. Ce constat n'est pas vraiment une révélation choc. On le savait depuis longtemps. Mais tous les politiciens ont préféré balayer cette réalité sous le tapis de la même manière qu'ils administrent les déficits de l'État. Société de consommation et État providence obligent à se mentir à soi-même et à ne pas regarder la vérité en face.

Consommer maintenant et payer plus tard étant le leitmotiv de la plupart des électeurs, on comprend pourquoi ceux-ci élisent des gouvernements qui leur promettent la lune et le paradis à la fin de leurs jours avec leur propre argent. Le confort et l'indifférence devraient être la devise inscrite sur les plaques minéralogiques de nos autos.

Me faire dire que je ne pourrai pas prendre ma retraite avant l'âge de 70 ans ne me surprend guère. Mais cela m'insulte. Je suis outré de me faire dire en pleine face que j'ai possiblement contribué inutilement, depuis que je suis sur le marché du travail, à une caisse de retraite qui sera vide parce que des incompétents ont mal planifié ou refusé de faire face à une situation qui était prévisible depuis des décennies.

Maintenant, voilà qu'on propose un régime « volontaire » d'épargne-retraite pour les contribuables qui ne bénéficient pas de régime complémentaire à leur travail. Encore faut-il avoir les moyens d'y contribuer! Les contribuables de la classe que l'on appelle «moyenne» peinent de plus en plus à payer les impôts et les taxes de toutes sortes que les différents paliers de gouvernements s'acharnent à leur imposer.

Les contributions à de simples REER ont tendance à diminuer depuis quelques années. On comprend pourquoi : les priorités du commun des mortels sont de mettre quelque chose à manger sur la table, de dormir, de respirer, de se loger, etc. Bref, la pyramide de Maslow.

En haut de cette pyramide vient le besoin de s'épanouir personnellement. Non sans avoir, bien sûr, payé sa dote à la société. Oui, sa dote. Car, je ne considère avoir aucune dette envers ceux qui nous administrent si mal depuis des décennies. Ensemble, mes parents et mes grands-parents ont fait des choix de société. Ils ont fait confiance à un système qui, pour plusieurs, les a fait bien vivre. Aujourd'hui, en conséquence, chaque tête de pipe québécoise est endettée dès sa naissance de plus de 30 000$.

Nous n'avons plus les moyens de vivre au-dessus de nos moyens. Pourtant, chacun continue de réclamer son petit «nanane» à l'État pourvoyeur, cette mamelle tellement rassurante pour chaque petit Québécois qui se gave de son nectar providentiel en se faisant croire que la source est intarissable.

À ma naissance, la loterie de la vie m'ayant attribué le sexe mâle, mon espérance de vie était d'environ 78 années. Si ma santé me le permet, je vais travailler jusqu'à 70 ou 75 ans. Avec un peu de chance, je ne devrais pas passer l'arme à gauche avant d'avoir profité d'une retraite bien méritée d'au mieux huit ans et d'au pire trois ans.

Et, si mon destin est de partir les pieds devant durant mes heures de travail, je fais le souhait que ce soit le plus tôt possible afin de ne pas avoir à payer, pendant encore toutes ces années, une rente publique dont je ne pourrai pas de toute façon bénéficier.