Il est 15h30, je tente de travailler, mais les étudiants manifestent en bas de la tour où je travaille. Sujet de la discorde: la hausse des droits de scolarité. Pendant que des présidents d'associations préparent leur seconde carrière, un groupe d'étudiants les suivent bruyamment.  La cause est noble, mais regardons la situation avec détachement.

Il est 15h30, je tente de travailler, mais les étudiants manifestent en bas de la tour où je travaille. Sujet de la discorde: la hausse des droits de scolarité. Pendant que des présidents d'associations préparent leur seconde carrière, un groupe d'étudiants les suivent bruyamment.  La cause est noble, mais regardons la situation avec détachement.

J'aime la jeunesse, l'impulsivité, la fougue et l'action citoyenne. La hausse paraît élevée en pourcentage, mais faisons une analyse rapide. En 1999, mon ordinateur portable nécessaire à mes études a coûté 3300$. Aujourd'hui, il est possible d'acheter une machine d'aucune commune mesure avec la précédente pour seulement 500$. À la même époque, le salaire minimum était de 6,90$ l'heure. Dans quelques semaines, il sera à 9,65$ l'heure, une hausse cumulée de 40%.

Pendant ce temps, les droits de scolarité sont gelés. Gelés dans l'azote liquide, comme un corps de dinosaure cristallisé à une époque révolue. Gelés dans un contexte en constante évolution, où chacun doit s'adapter, où chacun doit faire sa part. Durant les dernières années, le gel était comme un cadeau, un anachronisme, une «free ride». Maintenant, nous devons assumer que tout a un prix. Mais comme dans n'importe quelle situation, il n'est pas facile de perdre un privilège. Oui, un privilège, car c'est ce que sont les études à faibles coûts.

Nous sommes chanceux de vivre dans une société comme la nôtre. Nous sommes chanceux d'être nés ici. Nous sommes chanceux d'avoir ce que nous avons. La jeunesse de mon père et de mon grand-père n'a rien à voir avec la mienne. Un analyste indépendant pourrait dire que la génération suivant les boomers a été avantagée, je pourrais être d'accord à certains égards. Je me souviens avoir reçu 40$ à mon septième anniversaire. Mon grand-père disait alors, sur un ton solennel: «Qu'est-ce que tu dois faire avec cet argent-là?» Et la bonne réponse était (en fait la seule acceptable à ses yeux): «Je vais l'investir dans mes études». C'était sa façon de me mettre du plomb dans la tête, c'était sa façon de me dire: «j'ai travaillé toute ma vie pour que toi, tu aies la chance que je n'ai pas eue, alors saisis-la».

On parle de grève étudiante. Normalement, lorsque des employés font la grève, ils font pression sur l'employeur. Quel est le poids d'une population étudiante en grève? Comme les étudiants sont les principaux utilisateurs d'un service dont ils se privent, qui se sent menacé par une grève étudiante? La vraie question est la suivante: à qui profite-t-elle réellement? Tiens, la manifestation est déjà terminée. Comme quoi, cette révolution était plus que tranquille.