Sur le blogue de la maison de recherche CROP, récemment, on ne cachait pas son enthousiasme: la véritable vedette du message de deux minutes de Chrysler, avec Eminem, est la ville industrielle de Detroit. Elle n'est pas «New York City» ni «The Windy City» (Chicago), ni «Sin City» (Las Vegas). Elle ne se prend pas pour une autre: «This is the Motor City. This is what we do.», nous dit Eminem, à la fin du message.

Sur le blogue de la maison de recherche CROP, récemment, on ne cachait pas son enthousiasme: la véritable vedette du message de deux minutes de Chrysler, avec Eminem, est la ville industrielle de Detroit. Elle n'est pas «New York City» ni «The Windy City» (Chicago), ni «Sin City» (Las Vegas). Elle ne se prend pas pour une autre: «This is the Motor City. This is what we do.», nous dit Eminem, à la fin du message.

Qu'on le veuille ou non, Montréal est Montréal et ne sera jamais Barcelone. De trop nombreux Montréalais (minoritaires, sans doute, mais à qui on cède un espace démesuré dans les médias) ont oublié ce qu'est une ville qui se construit, qui vit et qui se métamorphose sans qu'elle ait à demander à l'État de la penser à sa place. Ce sont les habitants d'une ville qui font d'elle ce qu'elle est, et deviendra. Ils la font vivre et évoluer par leurs initiatives individuelles qui, additionnées, enchevêtrées, se bousculant les unes les autres, ne peuvent être planifiées, scénarisées par un maître d'oeuvre déconnecté de la réalité quotidienne des citadins.

On a parlé, récemment, de la construction d'une tour ou deux. «Un projet comme on n'en a pas vu depuis plus de 20 ans à Montréal!», avons-nous entendu de la bouche du maire à la radio. Voilà. Montréal est, en fait, une ville qui ne vit pas, mais vivote depuis plus de 20 ans. Une ville qui prétend être grande, mais qui a peur de mots tels que prospérité, richesse, développement.

Ce n'est plus vrai? On est fier de voir le Quartier des spectacles se développer? On sent que «ça bouge enfin», à Montréal? Non. On s'illusionne. Montréal était passivement calée dans son divan depuis bien plus que 20 ans, et maintenant qu'elle donne l'illusion de se lever et de se remettre à marcher (non, elle ne court pas), elle se croit aussi en forme que les vraies grandes villes du globe qui, elles, sont des athlètes qui ne craignent pas de courir, de suer, de bouger, de creuser 24 heures sur 24, au risque de commettre quelques erreurs qui seront beaucoup moins graves que la plus grande de toutes, celle que continue de commettre Montréal, cette ville qui a déjà été une grande ville en devenir : tuer dans l'oeuf tout projet d'envergure en lui faisant passer l'épreuve de l'enfer bureaucratique, lui-même pavé de bonnes intentions de groupes de pression dont la devise est «je mobilise pour immobiliser».

Les plus grands ennemis de Montréal se trouvent majoritairement parmi ceux qui lui veulent du bien. Ils font de leur ville une cigale paresseuse, lymphatique, neurasthénique, qui essaie de se convaincre qu'elle est une fourmi. Une ville polyglotte qui vit sous le joug de mythomanes soi-disant francophiles, mais en réalité xénophobes ou anglophobes, qui rêvent de lui couper quelques langues, craignant de ne pouvoir la façonner à leur guise, à l'image de ces Québécois qui s'endorment le soir en pensant qu'un jour, leur Québec sera un «vrai» pays... Des Québécois qui se racontent de belles histoires avant de sombrer dans leur rêve chimérique auquel ils croient pourtant dur comme fer.

À leur réveil, au matin, ces Québécois, qui ont choisi la carrière d'éteignoir, ne comprennent pas que certains - qui rêvent, eux, de vivre pleinement leur vie et de contribuer à leur collectivité sans adopter la posture de victimes - ne s'intéressent plus à ce conte de fées.

De quelle ville fêterons-nous les 375 ans en 2017? Quel branding, quelle signature, allons-nous lui attribuer?