Du Québec, Tokyo est si loin en distance kilométrique, en distance culturelle et en distance médiatique. Pourtant, le pire tremblement de terre de l'histoire du Japon le 11 mars dernier, le tsunami de 10 mètres doublé de la catastrophe nucléaire de Fukushima, nous a rapprochés et rappelé des liens jusqu'ici ignorés.

Du Québec, Tokyo est si loin en distance kilométrique, en distance culturelle et en distance médiatique. Pourtant, le pire tremblement de terre de l'histoire du Japon le 11 mars dernier, le tsunami de 10 mètres doublé de la catastrophe nucléaire de Fukushima, nous a rapprochés et rappelé des liens jusqu'ici ignorés.

Lorsque j'occupais la fonction privilégiée de déléguée générale du Québec à Tokyo, j'ai souvent constaté que le Japon, s'il anime quelques chroniques culinaires ou certaines chroniques de voyages, a très peu de réalité dans la vie quotidienne de nos médias.

Il aura fallu une gigantesque catastrophe ou plus de 27 000 personnes ont perdu la vie ou sont disparues, où le coût économique de la reconstruction se chiffrera à 235 milliards de dollars, pour que pendant sept jours, nos écrans nous transportent dans la troisième puissance économique mondiale frappée de plein fouet par la fatalité; on y a découvert alors sa modernité, sa résilience, ses traditions et son courage.

Le Québec est représenté par sa délégation générale au Japon depuis 37 ans et 600 entreprises sont actives au Japon sur une base continue. Aujourd'hui, ce sont près de 150 de nos entreprises, des dizaines d'artistes et professeurs, chercheurs du Québec qui visitent annuellement Tokyo Osaka, Kanazawa, Kyoto, Hiroshima... Il y a une centaine d'entreprises japonaises qui ont des activités au Québec et qui génèrent plus de 10 000 emplois.

Sixième partenaire commercial du Québec en 2011, le Japon est le premier client du Québec en Asie en ce qui touche les produits à valeur ajoutée. Les avions régionaux de Bombardier sillonnent le ciel japonais, les hélicoptères de Bell constituent le véhicule privilégié des équipes de sécurité et de sauvetage japonaises. Les collaborations avec Nano Québec se succèdent. Les caméras de surveillance des pistes d'atterrissage du nouvel aéroport de Haneda sont de chez nous. Nous y réalisons des ventes importantes dans le secteur agroalimentaire: porc, soya, sirop d'érable, cidre de glace, miel. Le bois et les matériaux de construction québécois font belle figure dans le million d'habitations construites chaque année au Japon.

Le Cirque du Soleil, en partenariat avec Oriental Land, exploite un théâtre permanent avec 300 employés. Nathalie Choquette, Edouard Lock, Marie Chouinard, Robert Lepage et plusieurs troupes de théâtre s'y produisent régulièrement et reviennent inspirés par ce marché culturel sophistiqué et exigeant.

Jumelée à Hiroshima, la Ville de Montréal s'y fait remarquer. Les Mosaïcultures internationales à Hamamatsu ont remporté en 2010 le premier prix du jury et le premier prix du public avec la sculpture végétale de l'Homme qui plantait des arbres de Frédéric Back.

Combien savent que 200 000 personnes étudient le français au Japon et que le Québec représente souvent une alternative à la France pour y poursuivre des études universitaires, linguistiques, ou simplement pour réaliser un voyage d'agrément?

La culture japonaise, aux yeux des Québécois, est une culture réservée, le «soft power» du Japon s'exprime à travers ses réalisations technologiques, ses mangas, sa mode et sa cuisine. La culture japonaise séduit et rassemble les gens épris de raffinement, d'efficacité, de modernité et de traditions.

Au cours de cinq prochaines années, le Japon se relèvera de la terrible destruction qu'il vient de subir. Je souhaite que nous joignions les nombreux partenaires internationaux et mettions à la disposition de ce pays, nos expertises et nos compétences pour contribuer à cette relève et poursuivre le rapprochement de nos sociétés.