Pour la première fois depuis sa création, le Nouveau Parti démocratique semble délaisser son statut de petit parti, pour qui on vote par dépit ou idéalisme, pour devenir une véritable option.

Pour la première fois depuis sa création, le Nouveau Parti démocratique semble délaisser son statut de petit parti, pour qui on vote par dépit ou idéalisme, pour devenir une véritable option.

La lutte pour le pouvoir qui se joue traditionnellement entre libéraux et conservateurs cède une place au NPD dirigé par Jack Layton, qui promet de redonner au Canada le respect qu'il s'était mérité à l'international en défendant la paix, l'égalité et la justice, des valeurs auxquelles les Québécois s'identifient fièrement. Ces valeurs sont de plus en plus rabrouées depuis l'arrivée des conservateurs au pouvoir: contrôle de l'information, violence policière, irresponsabilité en matière environnementale et de défense des droits de l'homme, remise en cause d'avancées sociales comme l'avortement, les abus du gouvernement Harper sont sans précédent.

La réputation de notre pays en est si affectée que le Canada s'est, entre autres, vu refusé le siège non permanent qu'il convoitait au Conseil de sécurité des Nations unies. Néanmoins, il semble que le premier ministre Harper soit encore le premier dans les intentions de vote au pays. Serait-ce que la «stabilité économique» qu'il martèle comme un automate, s'adressant au portefeuille plutôt dépouillé que la majorité d'entre nous tient nerveusement entre les doigts, le rendrait immuable?

Heureusement, le NPD offre un vent d'espoir. Si la tendance se maintient, il sera le chef de l'opposition officielle au parlement. Et si l'on rêve un peu, il pourrait même renverser la donne et devenir le premier ministre du Canada.

Les partisans du Bloc nous diront que l'enjeu du 2 mai, c'est de «voter soit pour le Québec, soit pour le Canada». Ce genre d'argument démagogique fait appel à la fibre patriotique chez la majorité d'entre nous. Mais il ne faut pas se laisser leurrer. Voter pour le Bloc, ce n'est pas voter pour le Québec, c'est voter pour le même gouvernement de droite que nous venons de subir et qui a été le pire que nous ayons connu.

Bien sûr, le Bloc défend nos intérêts, il ne présente des députés qu'au Québec. Mais qui offre vraiment la meilleure représentation? Un parti qui ne peut qu'être sur la défensive étant donné sa vocation de représenter une seule province ou un parti qui peut agir en offrant une opposition aux conservateurs à la mesure de leur pouvoir, un pouvoir pancanadien?

Le parti de Gilles Duceppe a sans doute eu sa pertinence au moment de sa fondation et il a certainement permis quelques avancées pour notre nation. Mais dans les circonstances actuelles, se dépeindre comme seule option pour les Québécois a quelque chose de malhonnête, voire d'antidémocratique. Aux yeux de tous les Québécois et de tous les Canadiens qui désirent appuyer un parti qui a une véritable prétention au pouvoir, le Bloc québécois ne fait que mettre des bâtons dans les roues d'un changement possible et souhaitable.

La vieille dichotomie qui oppose les souverainistes aux fédéralistes n'est pas l'enjeu du moment. On peut très bien désirer l'indépendance du Québec tout en gardant les pieds sur terre. Les élections du 2 mai ne constituent pas un référendum: les enjeux ne concernent pas que le Québec, mais bien le Canada dans son ensemble. De plus, il n'est pas incompatible de rêver d'un Canada uni dans lequel le Québec se tient debout, tout en admirant les poèmes de Gaston Miron.

Voter pour le NPD, ce n'est pas seulement un vote stratégique. La plateforme électorale du NPD correspond à nos priorités et à nos valeurs québécoises: Jack Layton promet de s'attaquer à la pénurie de médecins et d'infirmières, de soutenir les aidants naturels, de stimuler la création d'emplois et de lutter contre les changements climatiques. Il me semble que ce sont là quelques bonnes raisons de soutenir le NPD.