Il n'y a pas une journée dans l'année où les personnes assistées sociales ne se font pas écraser, humilier, diminuer, dégrader, déshumaniser ou traiter de profiteuses. Nous sommes victimes de mépris, d'injustice, d'isolement et d'indifférence d'un système violent aux plans économique, physique et psychologique. Nous nous sentons traitées comme des déchets de la société et non comme des personnes humaines.

Il n'y a pas une journée dans l'année où les personnes assistées sociales ne se font pas écraser, humilier, diminuer, dégrader, déshumaniser ou traiter de profiteuses. Nous sommes victimes de mépris, d'injustice, d'isolement et d'indifférence d'un système violent aux plans économique, physique et psychologique. Nous nous sentons traitées comme des déchets de la société et non comme des personnes humaines.

Plusieurs personnes préfèrent fermer les yeux sur la réalité que nous vivons. Il est plus facile de nous écraser davantage que de nous tendre la main et d'écouter notre histoire.

Avez-vous déjà pris le temps de demander à une personne pourquoi elle est « tombée » sur l'aide sociale et ce qu'elle peut vivre quotidiennement? Savez-vous que plusieurs d'entre nous doivent essayer de survivre avec 599$ par mois? Savez-vous que des femmes assistées sociales se font offrir par leur propriétaire de lui donner des services sexuels en échange de diminution de loyer?

Savez-vous aussi que tomber en amour lorsqu'on est à l'aide sociale signifie de s'appauvrir? En effet, lorsqu'un couple de personnes assistées sociales demeure ensemble depuis un an, le gouvernement leur donne un seul chèque de 919$ par mois pour deux personnes. Cela veut concrètement dire qu'un couple s'appauvrit de 279$ par mois. Il est très difficile d'entendre, dans une société dite civilisée, des personnes assistées sociales se faire dire par certains agents d'aide sociale: «T'es belle! Qu'est-ce que tu fais ici? Trouve-toi un homme, ça va améliorer ta situation. Fais pas ta demande d'aide sociale, car de toute façon, tu risques de retourner chez ton mari violent. Nous ne pouvons t'offrir ce programme de formation, car tu n'es pas assez intelligente pour le suivre.»

Toutefois, même si nous vivons chaque jour le mépris et que nous sommes pauvres dans une société riche, nous avons notre dignité, notre fierté, notre débrouillardise, notre créativité, notre courage et notre volonté de sortir de la pauvreté. Nos luttes quotidiennes pour la survie et nos gestes pour joindre les deux bouts montrent notre détermination à nous en sortir. Nous voulons vivre et contribuer à la société par notre implication sociale.

Du 2 au 8 mai, nous serons dans la rue pendant la semaine de la dignité des personnes assistées sociales pour exiger du gouvernement un réel droit à l'aide sociale où nous aurions un revenu suffisant pour se nourrir, se loger et exister. Nous souhaitons que le gouvernement abolisse les catégories à l'aide sociale qui divisent les personnes assistées sociales selon leur «aptitude à travailler» sans reconnaître l'ensemble des facteurs qui font en sorte que des gens peuvent être exclus du marché du travail.

Pour couvrir nos besoins essentiels, n'avons-nous pas tous besoin du même montant? Pour les besoins spéciaux, comme ceux reliés à la maladie, nous demandons au gouvernement d'accorder des montants supplémentaires. Ces catégories permettent au gouvernement de perpétuer le mythe que les personnes assistées sociales dites aptes au travail sont des paresseuses.

Un rapport interne du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale signalait, en novembre 2006, que seulement 8,5% des adultes considérés «aptes au travail» par l'aide sociale pourraient se trouver un emploi dans le marché du travail. Nous demandons aussi au gouvernement de cesser le détournement des pensions alimentaires pour les enfants des personnes assistées sociales et étudiants. Finalement, nous demandons au gouvernement de garantir à chaque personne un plein chèque même si elles sont en couple.