Ceux qui ne croyaient pas encore que le Québec était une société distincte devront s'en convaincre. Dans cette surprenante élection, les Québécois ont exprimé un non retentissant au Parti conservateur. Ils ont donné moins de votes et de sièges au Parti libéral du Canada qu'après le scandale des commandites ! Et surtout, ils ont décidé de fermer la succursale du Parti québécois à Ottawa.

Ceux qui ne croyaient pas encore que le Québec était une société distincte devront s'en convaincre. Dans cette surprenante élection, les Québécois ont exprimé un non retentissant au Parti conservateur. Ils ont donné moins de votes et de sièges au Parti libéral du Canada qu'après le scandale des commandites ! Et surtout, ils ont décidé de fermer la succursale du Parti québécois à Ottawa.

Né d'une combustion spontanée sous Lucien Bouchard, le Bloc disparaît donc de la même manière, dans une sorte d'incendie électoral. C'est la preuve que depuis 20 ans, le vote en faveur du Bloc était davantage le fruit d'un mécontentement que d'une conviction profonde. L'ère où Gilles Duceppe se voyait comme une sorte d'ambassadeur du Québec dans une capitale étrangère est révolue. Les Québécois ont décidé que ce parti avait fait son temps et qu'il n'était plus indispensable. Un parti voué à l'éclatement du Canada, condamné à l'opposition éternelle et qui ne défend qu'une seule cause ne peut s'installer dans la permanence.

On aurait tort de croire que c'est la fin de l'option souverainiste. Ses adeptes vont naturellement serrer les rangs derrière le PQ de Pauline Marois. Ils devront toutefois se rendre compte que ces élections révèlent que les valeurs des Québécois sont loin d'être aussi éloignées de celles de beaucoup d'autres Canadiens et que le statut politique du Québec ne fait plus partie des priorités d'une grande majorité de Québécois.

Avec un incroyable score de 58 députés néo-démocrates sur 75, le Québec devient désormais l'épicentre de l'opposition aux politiques conservatrices d'un gouvernement Harper majoritaire. Fédéralistes et souverainistes confondus ont décidé d'envoyer un message fort à Stephen Harper. Plus de 80% des électeurs québécois ont en effet voté contre lui. Le Québec reste dans l'opposition encore plus massivement que sous le Bloc québécois.

Il est raisonnable de croire que les Québécois n'ont aujourd'hui aucune idée de ce que le parti de Jack Layton fera du mandat qu'il a reçu. Pour l'instant, cela veut simplement dire que la sempiternelle rhétorique bloquiste du méchant Canada contre le pauvre Québec va céder la place à des préoccupations plus terre-à-terre et donner une voix forte à tous ceux qui ne partagent pas l'approche sociale, environnementale et fiscale des conservateurs.  

Deux visions très tranchées de ce que devrait être le Canada idéal vont se faire face. Nous sommes devant deux Canada!

Dans son discours de victoire, M. Harper s'est déjà réjoui que les Québécois envoient enfin des fédéralistes à Ottawa. C'est une bonne chose pour le Québec. Le premier ministre devra toutefois se servir de sa majorité pour trouver une façon d'inclure le Québec dans ses plans.  

Le fédéralisme moderne exige que l'on ne cesse jamais de chercher les compromis et les équilibres propres à satisfaire toutes les composantes de la fédération. Et même néo-démocrate, le Québec est loin d'être une partie négligeable de l'ensemble canadien. Les Québécois ont brassé les cartes. Ils ne veulent plus de Gilles Duceppe, mais ils souhaitent un autre Canada que celui que propose Stephen Harper.