Dimanche dernier, sur l'heure du midi, en plein soleil, un automobiliste garé le long du trottoir a ouvert sa portière devant un cycliste. La tête du cycliste a heurté la chaussée, et il lutte maintenant pour sa vie.

Dimanche dernier, sur l'heure du midi, en plein soleil, un automobiliste garé le long du trottoir a ouvert sa portière devant un cycliste. La tête du cycliste a heurté la chaussée, et il lutte maintenant pour sa vie.

Le constat fait par la porte-parole du service de police de la Ville de Montréal (SPVM) est lapidaire: «Il s'agit d'un bête accident où ni le cycliste, ni le conducteur ne se sont vus.»

Aucune accusation ne sera déposée contre le conducteur du véhicule.

Ce qui est véritablement bête dans cet accident, c'est surtout son analyse. Il est vrai que le cycliste n'a pas le temps de voir, et encore moins de réagir, lorsqu'une portière s'ouvre devant lui. Au pire, l'esquiver peut le précipiter parmi les voitures en mouvement. Malgré la vigilance dictée par l'instinct de survie, il est difficile pour un cycliste d'anticiper le danger. Les appuie-tête et les vitres teintées ne l'aident pas à déterminer si quelqu'un est au volant, ni quand le conducteur décidera d'ouvrir sa porte d'un coup sec. Mais l'automobiliste a la responsabilité de regarder dans son rétroviseur avant d'ouvrir sa portière. S'il ne le fait pas, il ne verra effectivement pas le cycliste qui arrive. Désolé pour ce cycliste qui va peut-être en mourir, l'automobiliste n'a paspensé de regarder.

Le cycliste devrait-il rouler à contresens pour être vu? Même là, j'en doute: vêtu de jaune vif et avec deux phares

blancs clignotants sur le guidon, on me coupe parfois, en me faisant signe ensuite qu'on ne m'avait pas vu. J'en viens à me demander pourquoi la Société de l'assurance-automobile (SAAQ) décerne tant de permis de conduire à des aveugles. Ce n'est sûrement pas en banalisant la négligence en «accident bête» que les autorités

inculqueront aux automobilistes la prudence attendue d'eux.

Se déplacer sur la chaussée avec une tonne de métal confère une capacité létale qui doit s'accompagner de responsabilités. Après tout, un permis de conduire n'est pas une «license to kill». Combien d'accidents

comme celui-ci, ou celui de Rougemont l'été dernier (trois morts et autant de blessés, fauchés dans l'accotement), faudra-t-il avant qu'on s'en inquiète?

D'autant que dans ce combat inégal, la personne négligente s'en tire indemne, tandis que la victime y passe ou en souffre longtemps et lourdement.

Paradoxalement, on s'inquiète davantage pour les jeunes automobilistes qui se tuent eux-mêmes que pour les cyclistes ou piétons innocents tués par la négligence des automobilistes.

Si le cycliste s'en sort, on pourra toujours le poursuivre pour les dommages causés à cette portière qu'il a si brutalement heurtée...