Dimanche dernier, quelques centaines de personnes se sont rassemblées au parc de la Paix dans le centre-ville de Montréal. Le but? Dénoncer l'idée qu'un certain style vestimentaire ou qu'un mode de vie sexuelle particulier permet de mettre une partie de la faute sur les victimes d'agressions sexuelles. Tout ça, parce qu'un policier mal avisé s'est permis de dire à des étudiants et des étudiantes d'une université de Toronto que pour éviter de se faire agresser, la solution, c'est de ne pas s'habiller en salope. Les réactions ont été vives partout dans le monde. Du Mexique à l'Australie, en passant par de nombreux États et maintes villes canadiennes et européennes, des «slutwalk» sont organisées. Parce que vraiment, ça suffit.

Dimanche dernier, quelques centaines de personnes se sont rassemblées au parc de la Paix dans le centre-ville de Montréal. Le but? Dénoncer l'idée qu'un certain style vestimentaire ou qu'un mode de vie sexuelle particulier permet de mettre une partie de la faute sur les victimes d'agressions sexuelles. Tout ça, parce qu'un policier mal avisé s'est permis de dire à des étudiants et des étudiantes d'une université de Toronto que pour éviter de se faire agresser, la solution, c'est de ne pas s'habiller en salope. Les réactions ont été vives partout dans le monde. Du Mexique à l'Australie, en passant par de nombreux États et maintes villes canadiennes et européennes, des «slutwalk» sont organisées. Parce que vraiment, ça suffit.

Au départ, une dizaine d'amis et moi étions sensés participer à la manifestation. Le jour J, un seul s'est présenté avec moi (et je tiens ici à la remercier). Des autres, la moitié avait des empêchements. L'autre moitié m'a annoncé le jour avant qu'ils n'étaient pas 100% d'accord avec la cause. C'est à croire qu'on était beaucoup dans la même situation parce que sur les 4000 inscrits sur Facebook, seulement 500 ont participé. Comme quoi, il nous reste encore beaucoup de chemin à faire.

Ce qui agresse, il semble, c'est le mot «slut». Par contre, il y en avait bel et bien qui faisaient la marche. Simples filles qui aiment le sexe et qui croient fermement qu'il est temps de rejeter un archaïque double standard ou véritables travailleuses du sexe, toutes avaient le même message. Comme l'a si bien dit la porte-parole de STELLA: «Peu importe combien de fois je dis oui, oui et oh! oui!, j'ai toujours le droit de dire non».

La plupart admettent que c'est vrai, mais ajouteront que, tout de même, c'est mieux de faire attention. Pour moi, cela revient à dire que «ce n'est jamais la faute de la victime, sauf quand c'est la faute de la victime».

Faire attention, ça veut dire quoi, au juste? Ne pas sortir le ventre exposé parce que cela fait des mois que je m'entraîne et j'ai enfin l'estomac plat? Ou ne pas parler de ma vie sexuelle même si vraiment, hier soir, c'était excellent? Ne pas trop boire parce que ça altère le jugement? Ces suggestions me sont étranges parce que ce sont toutes des choses que les hommes font sans hésitation, voire avec maints encouragements. Ah, mais physiquement, nous sommes plus faibles, donc il faudrait prendre plus de précautions? Là, même pour moi, il est difficile d'affirmer que c'est faux. Le problème avec ce message, c'est que le jour où une femme complètement intoxiquée en mini-jupe se fait agresser, elle se met à penser: «si seulement j'avais fait attention». Alors, en plus d'être momentanément complètement traumatisée et de faire face à un avenir rempli d'obstacles (en plus de toutes les répercussions psychologiques, les victimes d'agressions sexuelles sont beaucoup à risque pour des troubles du sommeil, digestifs, cutanés, etc.), elle se met à se blâmer et risque de finir par véritablement croire qu'elle mérite ce qui est arrivé.

D'autre part, même si elle ne se blâme pas entièrement, le fait de savoir que les autres pourraient le faire risque de la décourager de porter plainte. Sans cela, pas d'investigation, pas d'arrestation, pas de procès. L'agresseur continue de se promener et d'attaquer d'autres filles qui ne porteront pas plainte. Tout ça, parce qu'elles ont un jour entendu quelqu'un dire que la solution pour ne pas se faire agresser, c'est de s'habiller et d'agir d'une certaine manière. Par contre, les gens continuent d'affirmer que c'est ce qu'il faut faire pour être plus sécuritaire. Selon moi, nous serions tous plus en sécurité si les agresseurs étaient dans nos prisons. Je le consens, il y a une multitude de raisons qui incitent les victimes à ne pas se rendre en cours. La peur de faire face à son agresseur, les faibles chances de succès, la nécessité de revivre le drame lors d'un interrogatoire.  Ce n'est pas une raison pour ne pas se battre afin d'éliminer au moins une de ses raisons: la culpabilisation des victimes.

Il y a des pays où les femmes doivent être complètement couvertes et où le taux d'agressions sexuelles est plus élevé que le nôtre. On dira que c'est parce que dans ces cultures, les femmes doivent être soumises. Justement, les hommes qui n'arrêtent pas lorsqu'ils se font dire non croient aussi que les femmes doivent se soumettre à leurs désirs. Si l'habillement et la promiscuité peuvent causer des agressions sexuelles, le taux ne devrait-il pas être plus élevé chez nous? J'ai peine à croire que si, du jour au lendemain, on décidait toutes de se vêtir en religieuses, le nombre d'agressions sexuelles diminuerait radicalement, simplement parce que cela n'affecterait en rien le nombre d'hommes qui ressentent le besoin et croient avoir le droit de s'imposer sur le corps des femmes.

En définitive, j'affirme qu'il n'y a pas de «trucs» pour ne pas se faire agresser. Le contrôle est entièrement dans les mains de l'agresseur. Il faut à tout prix remplacer «ne vous faites pas agresser» par «n'agressez pas».