Mardi, en commission parlementaire, le député de Mercier Amir Khadir a accusé Lucien Bouchard d'avoir, avec la complicité d'André Caillé, démantelé la Société québécoise d'initiatives pétrolières (SOQUIP) pour brader les ressources gazières et pétrolières du Québec au bénéfice de «multinationales étrangères». Les deux volets de cette affirmation sont faux. Il est assez consternant de constater qu'un homme qui se permet de donner des leçons de morale et d'intégrité puisse ainsi dénaturer les faits sans égard à la vérité historique. Le mensonge serait-il acceptable lorsque mis au service de l'idéologie?

Mardi, en commission parlementaire, le député de Mercier Amir Khadir a accusé Lucien Bouchard d'avoir, avec la complicité d'André Caillé, démantelé la Société québécoise d'initiatives pétrolières (SOQUIP) pour brader les ressources gazières et pétrolières du Québec au bénéfice de «multinationales étrangères». Les deux volets de cette affirmation sont faux. Il est assez consternant de constater qu'un homme qui se permet de donner des leçons de morale et d'intégrité puisse ainsi dénaturer les faits sans égard à la vérité historique. Le mensonge serait-il acceptable lorsque mis au service de l'idéologie?

Voici donc les faits. En 1984, la SOQUIP a publié un rapport concluant que des dizaines de millions avaient été investis sans succès, que le risque était trop grand et que les probabilités de trouver du pétrole et du gaz au Québec étaient trop faibles. À partir de ce moment, la SOQUIP a remis ses permis d'exploration au gouvernement du Québec et a investi dans l'Ouest canadien.

La société d'État a donc abandonné l'exploration en 1984. La SOQUIP a ensuite poursuivi d'autres activités avant d'être intégrée à la Société générale de financement (SGF) lors de la création de la «Super SGF», à la fin des années 90. Mais c'est bel et bien en 1984 qu'elle a renoncé à l'exploration pétrolière et gazière, et abandonné ses permis, ceux-ci étant alors repris par de petites entreprises privées. Or, à ma connaissance, ni M. Bouchard ni M. Caillé n'étaient en position de pouvoir à cette époque. Non seulement l'accusation de M. Khadir est-elle mensongère, mais elle est particulièrement mesquine dans le cas de M. Caillé qui non seulement n'a jamais participé d'aucune façon à la gestion ou au démantèlement de SOQUIP, mais qui a au contraire recréé, alors qu'il était président d'Hydro-Québec, une division Pétrole et gaz chargée de participer à l'exploration et au développement de nos ressources gazières et pétrolières. Cette division a été démantelée quelques années après le départ de M. Caillé à la direction d'Hydro-Québec.

Enfin, M. Khadir ment aussi quand il dit que les ressources ont été «spoliées» au profit de compagnies multinationales étrangères. La découverte gazière de l'Utica est le fruit de plus de 200 millions de dollars de capitaux à très haut risque et des dizaines de millions seront encore nécessaires pour en démontrer le réel potentiel commercial. De plus, cette découverte de gaz naturel a été faite par Junex, avec un partenaire américain, et la majorité des permis d'exploration pour le pétrole et le gaz au Québec sont détenus par de petites PME québécoises: Junex, Pétrolia, Gastem, Altai, Squatex. Je note par ailleurs qu'à partir de 1984, l'idée de trouver du pétrole et du gaz au Québec est devenue presque farfelue. Personne, sauf des «croyants à la foi indestructible» tel que Jean-Yves Lavoie, président de Junex, ne voulait investir chez nous les capitaux d'exploration extrêmement risqués, ceux-là mêmes qui ont mené à la découverte gazière des shales d'Utica en 2008.

Je me désole enfin de constater que le monde selon Amir Khadir est clairement délimité. D'un côté les bons Québécois, ceux qui partagent son idéologie et qui sont, de ce fait «fidèles à la nation»; de l'autre, les mauvais Québécois, ceux qui travaillent pour l'entreprise privée. Suivant cette logique, je serais moi-même un moins bon Québécois que M. Kadhir puisque je travaille pour une compagnie gazière, née d'un rêve fou de trouver chez nous des ressources énergétiques stratégiques que toutes les nations du monde cherchent à s'approprier: le pétrole et le gaz naturel.

Partie de rien, notre petite entreprise a parcouru l'Amérique pour tenter de vendre ses projets aux financiers qui investissent dans les compagnies publiques et donnent, par leurs capitaux, l'oxygène dont les entreprises ont besoin pour se développer. Nous avons fait rire de nous plus d'une fois avec cette idée de trouver du pétrole et du gaz au Québec. Nous avons travaillé fort, nous avons hypothéqué nos ressources financières, nous avons persévéré et nous avons finalement bâti, après 10 ans, une entreprise qui embauche aujourd'hui plus de 40 personnes. Contre toute attente, nous avons aussi démontré que le Québec comptait sur des bassins sédimentaires propices à la découverte d'hydrocarbures.

Nos employés sont Québécois, nos actionnaires sont Québécois, nos projets sont chez nous au Québec et, espérons-le, ils permettront de créer des dizaines de milliers d'emplois et des centaines de millions de dollars en retombées économiques, en plus de contribuer à notre indépendance énergétique. Je ne crois pas que le fait d'avoir travaillé depuis 10 ans au développement économique du Québec fasse de nous de moins bons Québécois qu'Amir Khadir.