Rien ne justifiait et ne justifiera la mort de ces deux hommes victimes de tirs policiers, rien! J'espère au moins que ces pertes de vie ne seront pas vaines et serviront à sauver d'autres vies.

Rien ne justifiait et ne justifiera la mort de ces deux hommes victimes de tirs policiers, rien! J'espère au moins que ces pertes de vie ne seront pas vaines et serviront à sauver d'autres vies.

Pour que cela arrive, il y a une condition: cessons les blâmes mutuels et agissons. Au lieu de trouver des responsables à tout prix - ne soyons pas inquiets, quelqu'un va payer de toute façon - ne pourrions-nous pas nous interroger sur les origines de tels drames?

Tout le monde donne son opinion, des spécialistes de tout genre, des psychologues, des chroniqueurs, des penseurs et des chercheurs, et c'est tant mieux. En mettant nos idées en commun, il nous sera possible de trouver de nouveaux moyens d'améliorer la qualité des relations entre les policiers et les personnes souffrant de maladie mentale.

La plupart des gens ont peur de ces personnes. Celles-ci ont parfois une apparence qui effraie et des comportements étranges, marmonnant ou parlant à des gens qui ne sont pas là. Tous cherchent à les éviter. Mais j'ai constaté que la plupart du temps, les policiers québécois agissent de bonne foi et ne font que ce qu'ils estiment nécessaire compte tenu de la formation qu'ils ont reçue.

Nos policiers ne sauraient être à la fois médecins, travailleurs sociaux, spécialistes de la santé mentale et défenseurs de l'ordre public. Pourtant, ils sont souvent en première ligne et forcés d'intervenir auprès de personnes qui souffrent de troubles mentaux.

Selon les reporters de l'émission 60 Minutes (CBS) un appel au 911 sur 10 a pour objet une personne atteinte de maladie mentale. Ils ont même mentionné qu'il est «étonnamment fréquent» que le policier, la personne malade ou même les deux perdent la vie lorsque la police répond à ce genre d'appel.

Chez nous, le nombre d'appels d'urgence que la police reçoit au sujet de personnes souffrant de maladie mentale augmente sans cesse. Le nombre de lits disponibles dans les établissements psychiatriques a été considérablement réduit. Bien souvent, on se contente de renvoyer les patients chez eux en leur prescrivant des médicaments. Certaines de ces personnes n'ont nulle part où aller et se retrouvent dans la rue.

Ce sont les policiers qui ont à subir les conséquences de ce virage de société. Les gens souffrant de désordres mentaux ont besoin de psychiatres, pas d'agents de police. Que pouvons-nous faire pour remédier à cet état de choses?

Il est évident que nous devons aider les policiers à mieux comprendre ces personnes et les problèmes qu'elles vivent. Nous devons leur offrir des programmes de formation encore plus pointus et faciliter la «collaboration interprofessionnelle», un terme chapeautant tous les niveaux de collaboration, quels qu'ils soient. Il faut fournir aux policiers les outils dont ils ont besoin pour faire face à ces situations.

Lorsqu'elles sont contraintes par la force, certaines personnes atteintes de maladie mentale voient leur rythme cardiaque s'accélérer au point de provoquer parfois une défaillance cardiaque. Elles peuvent devenir plus agitées que jamais. Dans ces cas-là, les méthodes d'intervention traditionnelles de la police ne donnent pas les résultats escomptés. Soyons donc créatifs, imaginatifs, sortons des sentiers battus. Nul besoin de faire nos propres expériences, des modèles expérimentaux existent déjà ailleurs.

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