L'une des pires choses qui puissent arriver à un politicien, c'est de laisser les gens indifférents. Cela, Amir Khadir semble l'avoir compris, lui qui a nagé en pleine controverse récemment. La crise au Parti québécois nous avait presque fait oublier ses frasques. Rappelons-nous qu'en quelques jours, il a traité William et Kate de parasites, a reproché à Lucien Bouchard de manquer de loyauté envers les Québécois, et s'est attaqué avec véhémence à l'entente entre le maire Labeaume et Pierre Karl Péladeau sur l'amphithéâtre de Québec.  

L'une des pires choses qui puissent arriver à un politicien, c'est de laisser les gens indifférents. Cela, Amir Khadir semble l'avoir compris, lui qui a nagé en pleine controverse récemment. La crise au Parti québécois nous avait presque fait oublier ses frasques. Rappelons-nous qu'en quelques jours, il a traité William et Kate de parasites, a reproché à Lucien Bouchard de manquer de loyauté envers les Québécois, et s'est attaqué avec véhémence à l'entente entre le maire Labeaume et Pierre Karl Péladeau sur l'amphithéâtre de Québec.  

Dans les trois cas, il a fait preuve d'une certaine maladresse et a manqué de profondeur. Il dit, pour se défendre, que la population en a assez des politiciens qui ont la langue de bois. C'est vrai. Mais la population en a aussi assez de ce type de politique-spectacle à laquelle Khadir s'est adonné.

Ces récentes sorties publiques d'Amir Khadir étaient bien calculées. Pour comprendre un tel comportement provocateur, il faut tenir compte de trois données: (1) la performance du Nouveau Parti démocratique lors des dernières élections fédérales; (2) l'effet Legault; et (3) le vide laissé par le Parti québécois.

La performance du NPD

Amir Khadir a retenu une leçon des élections du 2 mai dernier : rien n'est jamais joué d'avance en politique, et Québec solidaire pourrait très bien en surprendre plus d'un lors du prochain rendez-vous électoral au Québec, en autant cependant qu'il sache d'ici-là occuper l'espace médiatique. D'où les sorties répétées d'Amir Khadir depuis quelque temps.

L'effet Legault

Plusieurs Québécois semblent être à la recherche d'une troisième option, entre le Parti libéral du Québec et le Parti québécois. La question qui se pose est celle de savoir qui pourrait bien leur offrir cette troisième voie et recueillir leur vote. Au fédéral, le NPD a largement profité de la lassitude et du cynisme des électeurs québécois, lesquels ont profité de la récente élection pour désavouer les conservateurs, les libéraux et les bloquistes. Amir Khadir rêve de répéter cet exploit du NPD, mais sur la scène provinciale et avec Québec solidaire. Pour ce faire, il doit d'abord obtenir l'appui des Québécois mécontents, désillusionnés ou désabusés. Le temps presse pour lui. Il doit à tout prix se démarquer avant que François Legault ne s'amène avec sa propre formation politique ou ne prenne la tête de l'Action démocratique du Québec.

Le vide laissé par le PQ

Le PQ vient d'être lourdement secoué par la démission de quatre députés. Du reste, ce parti cherche de plus en plus à se positionner au centre de l'échiquier politique. Cela laisse un vide à la gauche, un espace qu'Amir Khadir voudrait bien combler. Or, il ne peut le faire qu'en étant bruyant et en déboulonnant l'une après l'autre les statues du capitalisme, du matérialisme et du mercantilisme. Et qui incarne mieux le succès financier que Pierre Karl Péladeau? Qui incarne mieux l'opulence que la famille royale britannique? Qui incarne mieux la défense d'intérêts privés que Lucien Bouchard, cet ex-premier ministre dont l'industrie du gaz de schiste a retenu les services à titre de porte-parole?

Comme on le voit, le plan de match qu'Amir Khadir a exécuté ces derniers temps se voulait cohérent. Ses attaques étaient stratégiques, quoiqu'inutilement incendiaires. Je parie néanmoins qu'à moyen terme, cela lui sera rentable politiquement parlant. Il a tiré à boulets rouges sur tout ce qui bougeait. C'était la meilleure façon pour lui d'atteindre une cible. Et somme toute, il a atteint son but, qui était de faire abondamment parler de lui. Est-ce vraiment cela, faire de la politique autrement?