Il aura malheureusement fallu que quatre motos conduites par des pilotes d'âge plus que mûr se fassent faucher par un conducteur encore plus mûr et ayant quitté sa voie pour que le chat sorte du sac.

Il aura malheureusement fallu que quatre motos conduites par des pilotes d'âge plus que mûr se fassent faucher par un conducteur encore plus mûr et ayant quitté sa voie pour que le chat sorte du sac.

Jean-Marie de Koninck, cet éminent «chiffrologue» qui terrorise les divers ministres des Transports du Québec depuis des années avec ses statistiques, a finalement lâché le morceau. «Dans la majorité des accidents impliquant une moto et un autre véhicule à moteur, c'est la faute du conducteur et non pas du motocycliste», affirme-t-il dans La Presse de lundi dernier («Jour funestre pour les motocyclistes»)

Mais alors, comment se fait-il qu'il m'en coûte presque trois fois plus cher pour immatriculer ma vieille Gold Wing que ma voiture? Et encore, dans ce calcul, je ne tiens pas compte d'une autre affirmation M. de Koninck voulant que «les motos ne sont là que cinq mois par année», car cela ferait six fois plus cher. Alors, ne suis-je pas plus dangereux au volant de ma voiture qu'aux guidons de ma moto, au moins durant ces cinq mois?

J'ai commencé à faire de la moto en 1966 et dès 1968, je chevauchais une grosse cylindrée. Je n'ai jamais eu d'accident. Les seules fois où c'est passé près, ce fut justement à cause d'automobilistes qui ne «m'avaient pas vu». C'est ma conduite préventive qui m'a alors sauvé. J'ai été bien formé. Je ne suis pas plus dangereux en auto. Aucun accident dit «responsable» en 45 ans de conduite.

Ma moto est tout ce qu'il y a de «pépère». Elle n'incite pas à se prendre pour Yvon Duhamel ou pour son fils Miguel. C'est une grosse cylindrée. Bien sûr. Mais quelques-unes des petites cylindrées que j'ai pilotées dans ma jeunesse étaient substantiellement plus rapides et pas mal moins stables, donc plus dangereuses. Que se passe-t-il donc du côté de la SAAQ pour que mes quelques parcimonieux kilomètres de moto exclusivement sur des routes nationales et de campagne me coûtent un pareil prix?

On classe d'abord les motos par groupes, ce qui n'est pas nécessairement idiot, car un «racer» n'est pas une «custom» ni une «touring». Là où ça se gâte, c'est avec le classement par cylindrée. Et, pire encore, quand on met de côté le dossier de conduite et d'accidents, l'expérience et l'âge du pilote, le kilométrage parcouru et aussi la propriété d'autres véhicules (car nul ne peut conduire deux ou trois véhicules en même temps). Il faudrait tenir compte de toutes ces variables, mais on préfère la facilité et les «rentrées d'argent» qui l'accompagnent. Et ainsi, on se convainc que l'on fait de la sécurité routière. Pour moi, faire dans le «manger mou» pour tout le monde est plutôt un réflexe de paresseux.

Merci donc à M. de Koninck d'avoir au moins énoncé une certaine vérité. Reste à la bureaucratie à prendre acte et agir en conséquence.