Les résultats inattendus des élections fédérales du 2 mai dernier ont créé des bouleversements importants et continuent de susciter de nombreuses analyses quant aux implications à long terme pour la politique canadienne. Parmi celles-ci, une question se retrouve sur toutes les lèvres : compte tenu de l'ampleur de sa défaite, quel est l'avenir du Parti libéral du Canada?

Les résultats inattendus des élections fédérales du 2 mai dernier ont créé des bouleversements importants et continuent de susciter de nombreuses analyses quant aux implications à long terme pour la politique canadienne. Parmi celles-ci, une question se retrouve sur toutes les lèvres : compte tenu de l'ampleur de sa défaite, quel est l'avenir du Parti libéral du Canada?

Certaines conditions sont nécessaires à sa réhabilitation et, sans aucun doute, une dose de bonne fortune sera requise.

La première condition de succès du PLC est de reprendre vie au Québec; l'essence même et le fondement historique du Parti libéral, c'est d'être ce pont entre les deux grandes communautés linguistiques du Canada. Le parti doit non seulement repenser sa relation avec le Québec francophone, mais la réinventer sur de nouvelles bases. Cette approche n'implique pas de se mettre à genoux ou de se relancer dans les anciennes velléités constitutionnelles dont personne ne sortirait gagnant. Afin de retrouver ses assises au Québec, il lui faut rebâtir une base et procéder à un changement de garde.

Si le Parti libéral ne réussit pas à mobiliser des jeunes Québécois de la génération émergente - celle qui a entre 18 et 40 ans -, son avenir sera sérieusement compromis. C'est à eux de prendre le flambeau  comme jadis les Marchand, Pelletier, Trudeau et Lalonde l'ont fait - et de redéfinir le libéralisme du XXIe siècle. L'époque où l'intelligentsia du PLC résistait farouchement au nationalisme québécois est bel et bien révolue. Paul Martin, Stéphane Dion et Michael Ignatieff l'ont maintes fois démontré. La différence québécoise n'est pas un fardeau, mais un atout incommensurable pour le reste du pays. Le PLC l'a compris.

La deuxième condition, directement liée à la première, est de réussir la transition générationnelle à la tête du parti. L'idée n'est pas de trouver un messie comme chef, mais un individu capable d'incarner une certaine évolution, un renouveau et un dynamisme au sein du parti. Une personne qui sait communiquer, bien sûr, mais aussi quelqu'un qui représentera un changement de garde et qui saura s'imposer.

La troisième condition du succès du PLC est de pouvoir redevenir le parti des réformes et de l'avenir. S'il y a un élément qui, historiquement, a différencié le libéralisme du conservatisme, c'est la confiance que les libéraux ont toujours eue en l'avenir.

Dans un des plus grands discours qu'il ait prononcés, celui du 26 juin 1877, l'ancien premier ministre Wilfrid Laurier avait brillamment exprimé cette idée: «Je suis un libéral. Je suis un de ceux qui pensent que partout, dans les choses humaines, il y a des abus à réformer, de nouveaux horizons à ouvrir, de nouvelles forces à développer.»

L'une des forces du PLC est de n'avoir jamais été un parti idéologique, enfermé dans de vieux dogmes; et le défi qu'il doit relever aujourd'hui est de demeurer au centre, là où il a toujours logé, et de proposer des solutions concrètes à des problèmes modernes. Son avenir se jouera en grande partie dans sa capacité de redevenir ce grand parti du centre auquel les Canadiens se sont identifiés dans le passé.

Ce que les citoyens n'endurent plus, ce sont les astuces mensongères, les slogans vides et la partisanerie excessive. Ils ont une soif réelle pour que leurs leaders politiques fassent preuve d'une certaine authenticité, d'une certaine vision de l'avenir, d'un certain courage de sortir des sentiers battus. Compte tenu de la nouvelle réalité médiatique, il ne suffira pas que le PLC se refasse une virginité sur le plan des idées et de l'humilité.

À ne pas en douter, la prochaine élection fédérale sera cruciale pour le PLC ; s'il n'améliore pas son score, il pourrait devenir un parti marginal - même s'il est possible que sa reconstruction s'étende sur plus d'un mandat.

Le PLC peut et doit redéfinir les fondements du libéralisme canadien contemporain - tout comme Tony Blair et Bill Clinton l'ont fait pour leurs mouvements politiques respectifs - et avancer des propositions qui ne se basent pas sur des dogmes idéologiques, mais sur des valeurs et des idées relevant les défis d'aujourd'hui.

* L'auteur a agi comme conseiller de Paul Martin, de Stéphane Dion et de Michael Ignatieff.