La décision du gouvernement Harper de faire un retour aux vieilles traditions et de revenir à la désignation «royale» pour la marine canadienne et l'aviation canadienne est loin de faire l'unanimité.  

La décision du gouvernement Harper de faire un retour aux vieilles traditions et de revenir à la désignation «royale» pour la marine canadienne et l'aviation canadienne est loin de faire l'unanimité.  

En tant que militaire à la retraite, je m'oppose fortement à ce changement qui, encore une fois, affaiblira le sentiment d'appartenance à un système qui se veut canadien.  

En tant qu'ancien commandant des centres de recrutement de Montréal, Sherbrooke, Saint-Jérôme et Rouyn-Noranda, je me rappelle les nombreuses fois où de futures recrues me demandaient, lors de l'enrôlement, pourquoi ils ne pouvaient faire le serment d'allégeance à leur pays, le Canada, plutôt qu'à la reine. Je leur répondais que c'était le système qui voulait ainsi et que moi aussi, en 1959, j'avais dû faire ce serment même si je n'étais pas royaliste (dans le temps, mes convictions religieuses étaient fortes et un prêtre m'avait rapidement pardonné ce péché...).  Ils prêtaient donc serment à un système auquel il n'avait aucun sentiment d'appartenance.  

Plusieurs seraient tentés de croire que cette réaction se retrouve seulement au Québec. Il n'en est rien, car je me rappelle d'une occasion où, alors que j'étais pilote à la base de Cold Lake en Alberta, un major de l'aviation américaine avait porté un toast aux États-Unis d'Amérique. Spontanément, je me suis levé pour porter un toast en disant: «Messieurs les officiers: un toast à notre pays, le Canada.» Ceci était contraire au protocole qui voulait que l'on porte un toast à la reine.  

Après ce repas, des officiers canadiens ayant des origines britanniques, irlandaises et écossaises m'avaient félicité en disant que pour une fois tous, autour de la table, étaient fiers de se rallier à une cause commune: le Canada.  

Bien entendu, le premier ministre Harper, en politicien qu'il est, sait pertinemment qu'avec environ 35% de royalistes au Canada qui le supportent, le pouvoir lui est assuré pour des années à venir. Pour lui, être Canadien est secondaire.