Ex-président de la commission des communications de l'ADQ de 2003 à 2008, l'auteur a été le principal concepteur de la position autonomiste de l'ADQ. Il est aujourd'hui conseiller en affaires publiques.

En annonçant la fusion de son parti avec l'ADQ, le chef de la Coalition Avenir Québec, M. François Legault, a officiellement endossé la position autonomiste. Bien qu'il se dise contre les étiquettes et qu'à ses yeux, nationaliste et autonomiste signifient la même chose, il faut se réjouir de son geste. Grâce à lui, la position autonomiste revient sur le devant de la scène politique et, espérons-le, saura s'incarner sous la forme d'un projet, voire d'un plan porté bien haut par la CAQ, ses membres et son chef.

M. Legault insiste pour dire que la cause principale de notre retard comme société provient de l'impasse du débat souverainiste et fédéraliste, d'où sa volonté résolue de mettre la question nationale de côté pour s'occuper des vrais problèmes. Il n'a pas tort, mais en même temps, comment mettre cette question de côté alors qu'elle est si essentielle pour renouer avec la fierté d'être Québécois?

Pour mobiliser les Québécois - certains diront pour les sortir de leur torpeur -, les arguments rationnels ne suffiront pas, même s'ils sont fondés. Il faut faire appel aux émotions et à la passion.

Nous nous inscrivons présentement dans un récit et le chapitre en cours, après l'honneur et l'enthousiasme, est celui de la gêne et de la déprime. Gêne d'avoir menacé le Canada de se séparer sans jamais passer à l'acte et déprime de n'avoir plus qu'un mauvais choix entre deux maux: la soumission libérale ou la fuite en avant péquiste.

Si le chapitre suivant est celui de la page blanche, ce sera un aveu d'échec implicite. Si, en revanche, le prochain chapitre est celui de l'autonomie, une troisième voie d'affirmation et de reconnaissance sans menace ou recours à la séparation, l'espoir renaîtra car on verra la lumière au bout du tunnel.

J'ai eu le privilège de travailler étroitement à l'élaboration de la position autonomiste au sein de l'ADQ avec Mario Dumont et Guy Laforest. Elle est loin d'avoir réalisé son plein potentiel. Elle a tout ce qu'il faut pour rallier les Québécois qui sont majoritaires à vouloir «s'affirmer sans se séparer».

C'est d'autant plus vrai que du côté d'Ottawa, le premier ministre Harper se dit ouvert à cette approche, ayant même fait l'éloge d'un Québec autonome et reconnu la nation québécoise, ce qu'aucun premier ministre fédéral n'avait osé faire avant lui. Voilà une belle perche tendue, mais il revient à nous, Québécois, de la saisir pour proposer, en retour, un projet qui soit mutuellement avantageux, chose dont on ne saurait s'attendre du PLQ ou du PQ.

Pour être pertinente et crédible, la voie autonomiste doit pouvoir présenter un projet concret d'affirmation sans séparation et sans avoir à ouvrir la Constitution, du moins dans un premier temps. Cela serait possible en misant sur une entente politique de nation à nation.

Un projet autonomiste digne de ce nom pourrait offrir un nouveau pacte Québec-Ottawa venant sceller les contours de la nation québécoise au sein du Canada et sa réconciliation avec le pays. Une telle formule obtiendrait à coup sûr l'aval des Québécois.

La CAQ donnera à ses réformes un sens bien plus noble et inspirant en situant au coeur de sa vision la promesse d'un espace politique autonome pour le Québec. Par exemple, accroître la richesse du Québec de manière à ne plus recevoir de péréquation d'Ottawa, un des défis lancés par M. Legault, s'inscrit tout à fait dans la quête d'une plus grande autonomie nationale et de fierté collective.

M. Legault a fait un premier pas important en endossant la position autonomiste. Espérons qu'il voudra bien aller au bout de cette démarche. S'il le fait, il en sera largement récompensé, car les Québécois lui seront reconnaissants de proposer une vision novatrice qui réponde enfin à leurs attentes et leur permette de passer à autre chose.