Depuis quelques jours, une bonne partie de la presse s'indigne de la nomination d'un anglophone unilingue à la barre des Canadiens de Montréal. Certains journalistes croient même qu'il s'agit d'un affront. Toujours aussi démagogues, les politiciens ont emboîté le pas. Et pourtant...

Je vais souvent voir mes neveux jouer au hockey (niveaux novice et pee-wee). La langue parlée dans les arénas est consternante. Les instructeurs, les arbitres, les parents et les enfants parlent un pidgin fait d'anglicismes et de sacres : « Aye le ref, ouv'toé zyeux tabarnac ! ». « Yé encore benché ! », « Faut forechecker », « Y va-tu scorer », « Enwoye, shoot », etc. Ajoutez une dizaine de sacres, mélangez le tout, et vous aurez une bonne idée de la langue que nous parlons. Le vrai scandale est là.

Le français est mal enseigné à l'école, mal parlé à la radio et à la télévision, mal écrit dans les journaux, et par conséquent, malmené par une grande majorité de Québécois. Même nos soi-disant élites ne savent pas écrire le français correctement. Nos ministres parlent mal, nos vedettes sacrent aux heures de grande écoute, nos animateurs d'émissions sportives s'expriment comme des abrutis. Personne ne s'en émeut.

Ça ne dérange personne que les enseignants du primaire fassent plein de fautes dans les textes qu'ils remettent aux enfants. Mais ça dérange beaucoup de monde que l'instructeur des Canadiens ne parle pas notre « belle » langue. Langue que nous massacrons pourtant allègrement, langue que nous n'aimons pas vraiment puisque nous tournons systématiquement en dérision les gens qui parlent un français correct.

Si nous voulons préserver notre « belle » langue, il faudrait peut-être commencer par l'apprendre ? Si nous voulons que les « autres » respectent notre langue, il faudrait peut-être commencer par la respecter ? C'est-à-dire la parler correctement, exiger qu'elle soit enseignée par des gens qui la maîtrisent, protester contre le doublage d'émissions pour enfants en joual (les Simpson, South Park, les Pierrafeu, Family Guy, etc.), bref faire un effort et arrêter d'exiger des autres qu'ils parlent une langue que nous maltraitons affreusement.

Pour terminer, je trouve également affligeant que les Québécois soient encore complexés au point de se sentir menacés parce que l'instructeur par intérim d'un club de hockey ne parle pas français. Je répète : l'instructeur d'un club de hockey, pas le juge en chef de la Cour suprême, pas le premier ministre du Canada.