Ainsi, le Canadien a insulté tout le Québec en embauchant un entraîneur anglophone unilingue. Pourtant, non. La tâche de l'entraîneur est de faire gagner son équipe et non de défendre la langue française. Le dernier entraîneur du Canadien à gagner la Coupe Stanley était incapable de lire ou d'écrire le français. Et Al McNeil, un anglophone unilingue, a gagné une Coupe Stanley surprise en 1971.

Mais comment les observateurs et les médias qui insistent tant sur des joueurs, et maintenant des entraîneurs, francophones traitent-ils ces derniers? Guy Lafleur fut humilié publiquement et poussé à une retraite hâtive par deux francophones, Jacques Lemaire et Serge Savard, pendant que certains journalistes francophones chuchotaient, à tort, que Lafleur était toxicomane. Un autre francophone, Ronald Corey, a lui aussi foutu Lafleur à la porte, cette fois en tant qu'ambassadeur.

Patrick Roy a été traité de façon méprisante par Mario Tremblay et Réjean Houle et échangé pour presque rien. Ce même Roy est maintenant pressenti comme entraîneur pour la saison prochaine. Et comment sera-t-il traité si le Canadien sous sa férule joue également 8 parties sous le seuil de .500?

Patrice Brisebois, souffre-douleur des amateurs et journalistes, a sombré dans une dépression. Pierre Turgeon étouffait à Montréal. Des grandes vedettes francophones de la LNH, comme Luc Robitaille et Raymond Bourque, ont déclaré haut et fort que jamais ils ne joueraient à Montréal. Les journalistes et observateurs qui insistent pour injecter de la politique dans un sport professionnel se sont-ils déjà posé la question: pourquoi cette réaction des joueurs francophones?

Le Canadien est-il la seule planche de salut des entraîneurs francophones? Les deux entraîneurs finalistes de la Coupe Stanley l'an dernier étaient pourtant francophones.

La politique n'a pas sa place dans le sport. Le Canadien est peut-être une institution, un symbole et j'en passe, mais c'est avant tout une équipe de hockey. Son but est de gagner des parties et, si possible, la Coupe Stanley. Si jamais Randy Cunneyworth menait le Canadien à la Coupe cette année, un scénario plus qu'improbable, on oublierait rapidement qu'il ne parle pas français.